La colonisation
Le bassin versant de la rivière Saint-Charles occupe une place importante dans la grande histoire de la conquête de l’Amérique. En effet, c’est là que les premiers colons s’installent avec Jacques Cartier, que les Récollets, les Jésuites, les Ursulines, et les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu et de l’Hôpital-Général s’établissent sur des propriétés pour appuyer les activités d’évangélisation, d’éducation et de soins aux malades (Gourdeau, 2002). De même, c’est dans la Haute-Ville de Québec, à Charlesbourg et à Beauport que les premières terres ont été cultivées (Lacoursière, 1995). On ne saurait tracer un portrait du bassin versant de la rivière Saint-Charles sans parler des moments importants entourant la colonisation de la Nouvelle-France.
Jacques Cartier
En 1534, le roi François 1er intensifie son soutien aux explorations françaises vers les Amériques afin d’obtenir sa part des richesses du Nouveau-Monde, déjà très convoitées par le Portugal et l’Espagne (Musée virtuel de la Nouvelle-France, 2009). Jacques Cartier quitte le port de Saint-Malo avec deux navires. Malgré son désir de découvrir la route du Nord, passage plus sécuritaire vers les Indes, il aboutit dans le golfe et à l’embouchure du Saint-Laurent (Lacoursière, 1995). Le territoire est peuplé d’autochtones de la famille linguistique et culturelle iroquoienne avec lesquels il établit contact. Faute d’une autre appellation, Jacques Cartier baptise ces terres « Canada », nom signifiant en réalité « village » en iroquoien (Patrimoine canadien, 2011). Il en prend possession au nom du roi de France. Ce n’est qu’en 1536, lors de son 2e voyage au Canada, que Jacques Cartier pénétrera dans le fleuve Saint-Laurent (MVNF, 2009). Il établira ses quartiers généraux à l’embouchure de la rivière qu’il nommera Sainte-Croix (du nom de cette date dans le calendrier liturgique) et qui porte aujourd’hui le nom de Saint-Charles (Lacoursière, 1995). Le projet de colonisation ne prend forme qu’en 1541, mais la maladie, le froid et les querelles mettent un terme à cette première tentative (MVNF, 2009).
Samuel de Champlain
En 1608, Champlain convainc un petit nombre de colons de s’établir à Stadaconé (qu’il renommera Québec). Il y crée la place Royale qui connaîtra une forte croissance démographique (MVNF, 2009). L’endroit est un lieu patrimonial de grande importance qui permet le contrôle du trafic des fourrures le long du fleuve Saint-Laurent, principal pilier économique de la colonie (Lacoursière, 1995). En 1635, Québec compte 150 habitants (Litalien et Vaugeois, 2004).
Évangélisation
La conversion des autochtones à la religion catholique débute en 1615, alors que les Récollets sont envoyés au Canada (Gourdeau, 2002). En 1620, « un terrain de cent six arpents sur deux de front, avec droit de pêche dans la rivière Saint-Charles, en face » leur est accordé : ils y construiront la chapelle Notre-Dame-des-Anges qui sera plus connue sous les noms de couvent des Récollets et de chapelle de Saint-Charles (Gourdeau, 2002; Jouve, 1996). En 1625, les Jésuites arrivent et établissent la seigneurie Notre-Dame-des-Anges où se trouve l’actuel parc Cartier-Brébeuf. En 1665, l’intendant Jean Talon exproprie les Jésuites pour construire des maisons aux nouveaux colons. Ce faisant, il érige trois villages qui lui seront concédés par Louis XIV : le Bourg-Royal, le Bourg-la-Reine et le Bourg-Talon qui deviendront le comté d’Orsainville (actuel territoire de la Ville de Québec) (Lacoursière et coll., 1970).
Peuplement de la colonie
Depuis 1608, le développement de la Nouvelle-France était confié à des compagnies marchandes responsables de l’organisation du peuplement de la Nouvelle-France. En 1663, Louis XIV reprend ce pouvoir au détriment des compagnies surendettées qui ne se sont pas acquittées de leur mandat. Il instaure une nouvelle structure administrative et plusieurs actions concrètes sont réalisées pour favoriser l’essor de la Nouvelle-France, dont l’utilisation du régime seigneurial (Marchand, 1999). Une délimitation des seigneuries est alors entreprise, divisions encore perceptibles dans les arrondissements de Charlesbourg et de Beauport (Marchand, 1999). Le peuplement a été réalisé en grande partie grâce à l’arrivée des Filles du roi (Aubin et Lafond, 2008). Entre 1663 et 1673, plus de 800 femmes célibataires de moins de 25 ans sont venues de France pour peupler le Canada (Aubin et Lafond, 2008). Pendant cette période, la population de la Nouvelle-France, agglomérée autour de la rivière Saint-Charles, est passée de 3200 à 6700 personnes (Aubin et Lafond, 2008).
L’ère des chantiers navals et de l’industrialisation
Chantiers navals
La construction navale a débuté, à Québec, au XVIIIe siècle lorsque Louis XIV investit 40 000 francs pour le développement de ce nouveau secteur économique (Jobin, 1947). Ce sont les berges de la rivière Saint-Charles qui accueillent en premier les installations nécessaires à la construction des navires (Côté, 2009). Plusieurs sites ont ainsi été exploités : le pied de la côte de la Canoterie, chaque côté du pont Dorchester, le pied de la rue de la Couronne et la Pointe-aux-Lièvres (Jobin, 1947).
Les ressources forestières étant nombreuses et près des lieux de construction, les vaisseaux à voiles construits à Québec étaient entièrement faits de bois (Jobin, 1947). Entre 1687 et 1897, il s’y serait construit au total près de 4 000 bateaux de différentes tailles (Jobin, 1947). Au milieu du XVIIIe siècle, c’est la moitié de la main-d’œuvre de Québec qui travaille sur les chantiers navals (Lebel, 1983). Le port de Québec est alors le troisième en importance en Amérique du Nord (Côté, 2009).
La construction de navires cesse à Québec lorsque la vapeur remplace la voile et que le fer remplace le bois (Côté, 2009). Les navires à vapeur en coque de fer ou d’acier étant beaucoup plus rapides, moins de bateaux sont nécessaires pour transporter les différentes marchandises entre le Canada et l’Europe (Côté, 2009; Jobin, 1947).
Les problèmes économiques de la ville de Québec se trouvent accrus par l’abolition des tarifs préférentiels sur le bois, le non-renouvellement du Traité de réciprocité avec les États-Unis.
Plusieurs industries, dont celles de la chaussure et du textile, permettent à la ville de sortir du marasme économique créé par la perte des chantiers navals (Jobin, 1947; Côté, 1999). Sur le bassin versant de la rivière Saint-Charles, on dénombre de nombreuses industries : la fabrique de céramique des frères Bell, près de la rivière Saint-Charles; celle des Dion, à L’Ancienne-Lorette et plusieurs moulins construits près de la chute Lorette (Jobin, 1947). La puissance hydraulique de cette chute, aujourd’hui renommée Kabir Kouba selon son nom amérindien, sera hautement convoitée pendant près de 200 ans. Elle favorisa la construction du moulin à farine par les Jésuites (1731-1853), du moulin à papier Russel (1854-1862), du moulin à papier Smith (1862-1870), du moulin à papier Reid (1870-1900) puis d’une centrale électrique.
Château d’eau et alimentation en eau potable
Durant la première moitié du 19e siècle, de fréquentes épidémies de typhoïde et de choléra décimèrent la population de la région de Québec. De nombreux incendies rasèrent également des quartiers entiers de la ville, dont le plus important fut celui du faubourg Saint-Jean-Baptiste de 1845. Les autorités civiques comprirent alors la nécessité de se munir d’un aqueduc municipal. En 1847, la Ville mandata l’ingénieur Georges R. Baldwin pour effectuer les plans et devis d’un système d’aqueduc. Jusqu’alors, les citoyens s’approvisionnaient à partir de puits artésiens ou encore du fleuve. L’ingénieur suggéra une prise d’eau dans la rivière Saint-Charles, car son débit était plus régulier que d’autres cours d’eau du secteur et la source de la rivière, le lac Saint-Charles, constituait un réservoir naturel situé à proximité de la prise d’eau. L’emplacement de la prise d’eau, Loretteville, fut choisi pour sa faible distance du centre urbain et pour la déclinaison naturelle qui amènerait l’eau à Québec.
Les citoyens durent attendre jusqu’en 1853 avant de voir le projet de l’ingénieur Baldwin adopté par la Ville. Les travaux se déroulèrent rondement pour l’époque et on installa une conduite reliant Loretteville à Québec dès 1854 et le réseau de distribution fut complété en 1865. Dès 1881, l’ingénieur Charles Baillargé fut invité à concevoir les plans d’une deuxième conduite afin de pourvoir aux besoins grandissants en eau potable. La construction se met en branle en 1883 et cette nouvelle conduite alimente la Basse-ville alors que l’ancienne infrastructure abreuve la Haute-ville. En 1913, les travaux d’une troisième conduite sont complétés. Celle-ci réduit considérablement le débit d’eau de la rivière et l’assèche même parfois.
Tous ces événements conduisirent à la naissance de Château-d’Eau, d’abord comme site d’approvisionnement en eau, ensuite comme lieu de villégiature prisé par les bourgeois et finalement, en tant que municipalité de plein droit. La Ville de Château-d’Eau est fondée en 1926 et compte alors 58 habitations sur une superficie de 470 arpents. Celle-ci est délimitée par la rivière Saint-Charles et par les rues connues aujourd’hui sous les noms de Rivière-Nelson, Georges-Cloutier et du Jardin. Elle est annexée à Loretteville en 1965, soit après 39 ans seulement d’existence, réintégrant ainsi son territoire d’origine.
En 1949, la Ville de Québec décide d’effectuer d’importants changements à son système d’aqueduc et réaménage la prise d’eau. On décrète la construction d’un nouveau barrage au lac et surtout, on construit un nouvel édifice pour abriter la prise d’eau, le château d’eau à l’allure médiévale, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Tous ces réaménagements ne règlent cependant pas la question de la qualité de l’eau fournie.
La portion de la rivière Saint-Charles située à Château-d’Eau a toujours été paisible et propice au canotage. On y organisait de populaires régates qui faisaient accourir les foules.
L’ère du béton
La période industrielle a laissé bon nombre de problèmes pour la rivière Saint-Charles et les terrains qui la bordent. Au milieu du XXe siècle, la qualité de l’eau de la rivière Saint-Charles est médiocre; les rives sont contaminées et recouvertes de détritus (Beaulieu, 2000).
La construction des murs et du barrage Joseph-Samson
Pour régler le problème des rives, la Ville de Québec, en partenariat avec les instances provinciales et fédérales, décide de construire des murs de soutènement de chaque côté de la rivière sur quatre kilomètres de longueur. Le projet portait sur le tronçon de la rivière allant du pont-barrage Joseph-Samson (projeté à cette époque) à la passerelle de l’Aqueduc (Bouchard, 1966). Beaucoup d’espoirs étaient fondés sur ces murs de soutènement. Cependant, il n’a guère fallu de temps avant que l’on commence à se questionner sur la pertinence de ces aménagements. Déjà en 1972, l’environnementaliste Tony LeSauteur déclarait devant le congrès de la Fédération québécoise de la faune: « C’est l’exemple typique de destruction irrémédiable de l’équilibre des forces biologiques »
La construction du barrage Samson a radicalement modifié le régime d’écoulement de la rivière Saint-Charles: afin d’empêcher que la marée influence le niveau du plan d’eau du côté de la rivière, une série de portes-clapets se ferment automatiquement avec la montée de la marée (Lebel, 1996; Gérardin et al. 2000). D’autre part, la construction du barrage Samson a causé une sédimentation accrue dans le lit de la rivière et la formation d’îlots de sable en amont (Fillion et coll., 1987; Richard, 1999).
Rivière Lairet – une rivière disparue
La rivière Lairet prenait sa source à la limite sud de l’arrondissement de Charlesbourg et serpentait le quartier de Limoilou pour se jeter dans la rivière Saint-Charles à la hauteur du pont Drouin (Lemoine, 2010a). On peut en voir le tracé sur le plan ci-contre, datant de 1744. D’une longueur d’environ 2 kilomètres, la rivière Lairet subit des pressions tout le long de son parcours urbanisé dès le début du XXe siècle (Ville de Québec, 2011; Lemoine, 2010b). La rivière est utilisée comme dépotoir et comme égout collecteur, et la qualité du cours d’eau se dégrade (Lemoine, 2010b). En 1960, une entente est signé pour enfouir et canaliser la rivière Lairet. Ce projet de trois phases est complété à la fin des années 60 (Lemoine, 2010c). Aujourd’hui, la rivière Lairet a complètement disparu (Ville de Québec, 2011).
Les résultats
Si ces aménagements ont été réalisés dans une perspective d’amélioration de l’état du cours d’eau, on peut affirmer aujourd’hui que les résultats escomptés n’ont pas été atteints. Certes, les berges ont changé d’aspect et n’ont rien de comparable avec l’état d’insalubrité dans lequel elles étaient au milieu du siècle, mais la rivière est, en quelque sorte, devenue un canal (Routhier, 1996). Pendant quelques années, la présence du barrage Joseph-Samson a permis à la Ville de Québec d’aménager une patinoire sur la rivière, activité qui a connu du succès pendant un certain temps, mais qui a perdu l’enthousiasme des gens pendant les années 90. Plusieurs facteurs étaient en cause : une réduction dans la saison d’ouverture en raison d’hivers doux (la glace qui était trop mince, voire inexistante, par endroits), une réduction de la superficie de la patinoire, l’abandon de l’association de la patinoire avec le Carnaval de Québec, un facteur causant une diminution significative de l’achalandage (Routhier, 1997). Malgré tous les efforts, les citoyens ne se sont jamais réellement approprié le cours d’eau et les aménagements (pistes cyclables, promenades) ne furent que peu utilisés (Dumont, 1998).
Ainsi, même si beaucoup d’espoirs étaient initialement fondés sur le réaménagement artificiel des berges, l’intérêt de ces aménagements riverains a rapidement été mis en doute. Les berges des quatre derniers kilomètres de la rivière ont été bétonnées, l’écotone entre le milieu terrestre et le milieu humide a complètement disparu et la qualité de l’eau de cette partie de la rivière est demeurée très douteuse (Richard, 2010).
La renaturalisation
En 1996, la Ville de Québec a mis sur pied la Commission pour la mise en valeur du projet de dépollution et de renaturalisation de la rivière Saint-Charles. Dans le rapport de la Commission, on trouve différents scénarios de réaménagement des berges. La démolition de bon nombre de murs et la renaturalisation des rives de la rivière y ont notamment été proposées (Ville de Québec, 1996).
Les premières phases
La première phase du projet a eu lieu au parc Cartier-Brébeuf. La Ville de Québec et Parcs Canada se sont concertés pour faire démolir près de 300 m linéaires de murs et de passerelles et ont procédé à la renaturalisation des rives. Les travaux ont été effectués à l’automne 1996 et au printemps 1997 et les résultats ont été concluants (Ville de Québec, 1998b).
La poursuite des travaux
Pour la deuxième phase, à l’été 2000, la Ville de Québec a poursuivi les travaux à la hauteur de la marina Saint-Roch et les résultats en ont été tout aussi satisfaisants. Contrairement aux aménagements précédents, les phases subséquentes intègrent un aspect faunique et l’approche est plus écosystémique (Beaulieu, 2000). De même, les espèces floristiques réimplantées sont indigènes au sens où elles sont déjà présentes dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles. De plus, des lobes sont aménagés pour augmenter la vitesse de l’eau dans le chenal, puisqu’ils créent des irrégularités dans la berge, brisant ainsi la linéarité du cours d’eau. De façon générale, il s’agit davantage d’un projet de restauration de l’intégrité écologique et de la structure naturelle que d’un projet de renaturalisation proprement dit.
L’état actuel des berges
Le projet a été terminé en 2008, à temps pour les fêtes du 400e anniversaire de la ville de Québec. Les 8 km de berges ont été renaturalisés; des étangs et des herbiers aquatiques ont été aménagés et des roches ainsi que des billots y ont été déposés pour servir d’abris aux poissons. Afin d’accommoder la faune aviaire, des nichoirs ont été installés à divers endroits, par exemple, sur une petite île au milieu de la rivière, destinée au troglodyte familier et à l’hirondelle bicolore. Après deux ans, de nombreux animaux (amphibiens, insectes, vers, crustacés, canards, hérons, cormorans, etc.) ont été aperçus à différents endroits récemment restaurés (MAMROT, 2011; Ville de Québec, 2011). Le parc abrite également des milieux terrestres, humides et aquatiques qui augmentent la biodiversité sur le territoire urbain de la ville (MAMROT, 2011). Il offre aux adeptes de plein air un sentier pédestre de 32 kilomètres qui longe la rivière (parc linéaire de la rivière Saint-Charles), en partant du fleuve Saint-Laurent jusqu’au lac Saint-Charles (Ville de Québec 2011). Finalement, des bassins de rétention ont été construits pour contenir les fréquents débordements d’égouts dans la rivière. La rivière a retrouvé un aspect plus naturel et la qualité des écosystèmes aquatiques s’est grandement améliorée.
La transition géologique entre le Bouclier canadien et les Basses-Terres du Saint-Laurent est brusque et elle a amené, entre autres conséquences, l’existence de la chute Kabir Kouba. À partir de cet endroit et jusqu’à l’embouchure de la rivière Lorette, la rivière Saint-Charles coule dans une vallée profonde et son lit en forte pente est marqué par une succession de rapides, de cascades et de radiers. Plus en aval, la rivière poursuit son cours dans une zone de faible altitude et de faible pente (Brodeur et al., 2009). À l’extrême sud du bassin versant de la rivière Saint-Charles, la Haute-Ville de Québec, qui se trouve dans la région géologique des Appalaches, est séparée de la Basse-Ville de Québec, appartenant aux Basses-Terres du Saint-Laurent, par la faille de chevauchement de Logan. Cette partie du bassin est caractérisée par une colline ayant une pente variant entre 11 % et 15 % ainsi que par des rebords d’escarpements rocheux décrivant des lignes, plus ou moins concentriques, autour des sommets (Brodeur et al., 2009).
La rivière Saint-Charles, affluent mineur de la rive nord du Saint-Laurent, débouche dans le fleuve à la hauteur de Québec. Son bassin versant relativement petit (550 km2) est le plus urbanisé du Québec.
Le bassin versant de la rivière Saint-Charles peut être divisé en six sous-bassins versants principaux, ceux de la rivière des Hurons, de la rivière Jaune, de la rivière Nelson, de la rivière du Berger, de la rivière Lorette et de la rivière Saint-Charles.
Sous-bassin versant de la rivière des Hurons
La rivière des Hurons (30 km) est le plus important affluent du lac Saint-Charles, qui constitue quant à lui la réserve d’eau potable de la ville de Québec. Elle termine sa course dans le secteur des marais du Nord. Son bassin versant (138 km2) comprend les sous-bassins principaux des rivières Hibou, Noire, Turgeon et du ruisseau Durand. D’autres sous-bassins versants sans nom d’une superficie variant entre 3 et 10 km2 sont également présents.
La rivière Hibou se jette dans la rivière des Hurons à 7 km en amont du lac Saint-Charles. Le ruisseau Durand prend sa source aux Trois Petits Lacs et se déverse dans la rivière des Hurons à 6 km en amont du lac Saint-Charles. Le bassin versant du ruisseau Durand est situé en grande partie dans la municipalité des Cantons-unis de Stoneham-et-Tewkesbury, la superficie restante à l’ouest est située sur le territoire de la municipalité de Saint-Gabriel-de-Valcartier
Le lac Durand et les Trois Petits Lacs
Le lac Durand possède un affluent permanent et son exutoire est le ruisseau des Trois Petits Lacs. Il couvre une superficie de 0,34 km2. La profondeur maximale observée lors de mesures terrain est de 2,5 m (Bolduc, 2002).
Les Trois Petits Lacs, comme leur appellation l’indique, est un plan d’eau constitué de trois bassins, couvrant une superficie totale de 0,21 km2. Ils sont alimentés par quatre tributaires permanents et deux ruisseaux intermittents. Ils se déversent dans le ruisseau Durand qui s’écoule en direction de la rivière des Hurons. Il constitue ainsi l’une des sources d’approvisionnement en eau du lac Saint-Charles, le réservoir d’eau potable de la Ville de Québec.
La chute du Vieux Moulin
La chute du Vieux Moulin est située sur la rivière des Hurons. Elle est impressionnante par son cadre naturel dans le très tumultueux secteur de Saint-Adolphe. La rivière y descend en cascade un dénivelé important et s’écoule sur les roches dures du Bouclier canadien. Au sommet, on peut reconnaître les vestiges de l’ancien moulin. Elle n’est pas aisément accessible, car elle est située en milieu privé (Brodeur et al., 2009).
Sous-bassin versant de la rivière Jaune
La rivière Jaune (19,5 km) se déverse dans la rivière Saint-Charles un peu en aval de l’exutoire du lac Saint-Charles. Son bassin versant (82 km2) comprend les sous-bassins du lac Beauport et du ruisseau du Valet. Le ruisseau du Valet se jette dans la rivière Jaune tout près de son embouchure. Il s’écoule sur 4,2 km et son bassin versant a une superficie de 13,5 km2. La pente est généralement importante, mais elle diminue vers l’aval.
Le lac Beauport
Situé au cœur de la municipalité de Lac-Beauport, le lac Beauport a une longueur de 1800 m et une largeur moyenne de 540 m, sa profondeur maximale est de 13,4 m (superficie de 0,85 km2 (85,4 ha)). Quatre principaux tributaires approvisionnent le lac, deux permanents et deux intermittents, et le lac se déverse quant à lui dans la rivière Jaune. Le niveau du lac est contrôlé par un barrage géré par la municipalité.
Le lac Bleu et ses principaux affluents
Le lac Bleu (11 ha) fait partie d’un réseau de lacs comprenant les lacs Bonnet et Bastien, ses principaux affluents. Les eaux de son émissaire rejoignent la rivière Jaune. Le lac Bonnet (12,4 ha) possède une profondeur maximale de plus de 12 m.
Le lac Clément
Situé en partie à Québec et dans la municipalité des cantons-unis de Stoneham-et-Tewkesbury, le lac Clément (8,5 ha) est alimenté, dans sa partie nord, par trois affluents principaux et par plusieurs petites sources saisonnières. Le lac se déverse au sud dans le ruisseau Du Valet. Sa profondeur maximale est de 6,1 m.
Le lac Écho
Le bassin versant du lac Écho se situe sur le Bouclier canadien et occupe une superficie de 3 km2. Sa profondeur maximale est de 9,7 m et sa profondeur moyenne de 3 m (OBV de la Capitale, 2010).
Lac Jaune
Le lac Jaune (9 ha) est situé dans le bassin versant de la rivière Jaune et se déverse dans le lac Josée. Il s’agit d’un lac peu profond (1 à 2 m de profondeur seulement) au fond plat.
Le lac Mckenzie
Le lac McKenzie (8,4 ha) se situe à l’ouest du territoire de la municipalité de Lac-Beauport. Il s’agit d’un lac peu profond, alimenté par un seul affluent d’importance qui prend sa source dans le lac Villeneuve, au nord. Les eaux de son émissaire se déversent dans le lac de la Sagamité.
Le lac Neigrette
Le lac Neigette, situé dans la municipalité de Lac-Beauport, a une superficie de 12,1 ha, une profondeur maximale de 9,7 m et une profondeur moyenne de 3 m. Le principal affluent provient du lac Écho et se déverse à l’extrémité nord. Une deuxième affluent longe un garage municipal avant de se jeter au nord-est du lac. Un barrage situé à l’effluent du lac contrôle son niveau.
Le lac Morin
Le lac Morin (0.15 km2) est un lac peu profond en tête de bassin et donnant source à la rivière Jaune. Il est alimenté par les eaux du lac Cité-Joie, de la rivière de l’Arrière-Pays et d’un autre affluent de moindre importance.
Localisation des zones inondables
Comme la plupart des rivières, la rivière Jaune est sujette à des débordements en période de crue dans certains secteurs. Le problème est particulièrement criant dans le secteur de la rue Champéry, sur le territoire de la ville de Québec près de la limite de la municipalité de Lac-Beauport. À cet endroit, plusieurs résidences ont été construites dans la zone inondable de grand courant (récurrence 20 ans) et d’autres dans la zone de faible courant (récurrence 100 ans) (Brodeur et al., 2009).
La chute Simons
La chute Simons est située sur la rivière Jaune, dans la municipalité de Lac-Beauport. Un joli parc avec un belvédère a été aménagé près de la chute afin de mettre en valeur l’histoire de ces lieux (Brodeur et al., 2009).
Sous-bassin versant de la rivière Nelson
Le sous-bassin versant de la rivière Nelson (68 km2) occupe la partie ouest du bassin versant de la rivière Saint-Charles et chevauche une partie de la ville de Québec et de la municipalité de Saint-Gabriel-de-Valcartier. La rivière Nelson (30 km) se déverse dans la rivière Saint-Charles un peu en amont de la prise d’alimentation en eau potable de la ville de Québec. Il comprend les sous-bassins du ruisseau Savard et de la Petite Rivière.
Sous-bassin versant de la rivière du Berger
Le bassin versant de la rivière du Berger (61 km2) est localisé dans le secteur sud-est du bassin versant de la rivière Saint-Charles. Il traverse, de l’amont vers l’aval, le piémont du Bouclier canadien et les basses terres du Saint-Laurent. Les principaux tributaires de la rivière du Berger (18,2 km) sont la rivière des Sept Ponts, la rivière des Commissaires, le ruisseau des Carrières et la rivière des Roches.
Le lac des Roches
Le lac des Roches est situé dans une vaste zone boisée. Alimenté par cinq tributaires, il est composé de deux bassins réunis par un bras (ancien ruisseau) créé lors de l’élévation du niveau de l’eau, en 1965 (Cima+, 2007). Le lac est utilisé comme réserve d’eau potable par l’arrondissement de Charlesbourg (0,34 km2). À cet égard, il reçoit de l’eau brute en provenance de la rivière Montmorency.
Le lac Bégon
Le lac Bégon (3 ha) est un réservoir se trouvant à mi-parcours de la rivière des Sept-Ponts, un tributaire de la rivière du Berger. Il s’agit d’une des prises d’eau de la Ville de Québec. La superficie du bassin versant du lac Bégon est de 7,7 km².
Sous-bassin versant de la rivière Lorette
Le sous-bassin versant de la rivière Lorette (70 km2) occupe la portion sud-ouest du bassin versant de la rivière Saint-Charles. Ses principaux affluents sont le ruisseau des Friches (aussi appelé ruisseau Sainte-Geneviève ou ruisseau des Martres), le ruisseau Montchâtel, le ruisseau Notre-Dame et un autre tributaire (sans toponyme, mais localement appelé ruisseau de la Souvenance) qui prend sa source au mont Bélair. Les autres affluents sont surtout des fossés de drainage d’origine agricole.
Les lacs Laberge
Les lacs Laberge sont une ancienne gravière située dans le secteur de Sainte-Foy, reconvertie en lac de plaisance par la Ville de Québec à la fin des années 60. Le plan d’eau est utilisé à des fins récréatives, telle que la baignade, le canotage et la pêche. Les moteurs à essence sont interdits sur le lac à l’exception de deux embarcations à moteur utilisées pour la surveillance par le personnel de la Ville.
L’approvisionnement en eau des lacs Laberge est assuré par les précipitations et par la nappe phréatique puisqu’ils ne possèdent pas d’affluent ni d’effluent. Le bassin versant est très petit et s’étend sur quelques mètres de rives. Ainsi, seules les précipitations tombant directement à la surface des lacs et le ruissellement provenant de la bande riveraine alimentent le plan d’eau lors des pluies. Les apports dus aux précipitations sont donc minimes et laissent supposer que la nappe phréatique est la principale source d’alimentation des lacs Laberge.
Sous-bassin versant de la rivière Saint-Charles
Le sous-bassin de la rivière Saint-Charles (126 km2) est au cœur du « grand » bassin de la rivière Saint-Charles. Il présente différentes formes de relief et généralement une faible pente, mis à part des pentes très fortes dans ce qu’on appelle communément le canyon de la rivière Saint-Charles, situé dans le secteur de Loretteville et du parc Chauveau. Le réseau hydrographique est composé de la rivière Saint-Charles qui prend sa source au lac Saint-Charles, et de quelques affluents mineurs.
Le lac Saint-Charles
Le lac Saint-Charles, situé à la limite nord de la ville de Québec, a une superficie de 3,6 km2 (360 ha), un périmètre de 17 km et est situé à 150 m au-dessus du niveau de la mer. Il chevauche les territoires de la ville de Québec et de la municipalité des cantons-unis de Stoneham-et-Tewkesbury. D’une forme allongée dans un axe nord-sud, le lac possède deux bassins de superficies semblables, mais de profondeurs différentes. Le bassin nord a une profondeur maximale de 16,5 m pour une moyenne de 5,6 m et contient 70 % des 15 millions de mètres cubes d’eau du lac. Après avoir passé par un rétrécissement d’à peine 100 m de largeur et 3 m de profondeur, l’eau parvient dans le bassin sud, dont la profondeur maximale est de 5 m. Le volume total du lac (14,8 millions de m3) est renouvelé en moyenne 16 fois par année (APEL, 2009).
Le lac Saint-Charles étant utilisé comme réservoir d’eau potable par la Ville de Québec, on érigea un barrage à la sortie du lac en 1934 pour rehausser le niveau de l’eau, barrage qui fut remplacé en 1948. La Ville de Québec effectue une gestion du barrage afin d’assurer un apport d’eau constant à la hauteur de la prise d’eau. Cette pratique amène des variations périodiques du niveau du lac qui ont des impacts sur l’état des berges et des écosystèmes riverains. La réserve d’eau du lac alimente en eau potable quelques 250 000 habitants.
Le lac Saint-Charles possède un bon potentiel récréotouristique. Des randonnées guidées en rabaska sont offertes pour découvrir le lac et de nombreuses personnes en profitent chaque année. De plus, plusieurs sites aux abords du lac présentent un fort potentiel archéologique, notamment dans le secteur de la baie Charles-Talbot. Par ailleurs, après un inventaire des populations de poissons réalisé en 2005, il appert que le lac foisonne de poissons.
Le lac Delage
Situé sur le territoire de la ville de Lac-Delage, le lac Delage couvre une superficie de 0,49 km2, a une profondeur maximale de 26 m et est alimenté par quatre affluents principaux. Normalement, il s’écoule vers le lac Saint-Charles, par la décharge du lac Delage. Toutefois, lors des crues, il arrive que l’écoulement de la décharge du lac Delage s’inverse et qu’ainsi le lac Saint-Charles s’écoule vers le lac Delage.
La chute Kabir Kouba
La chute Kabir Kouba est sans doute la plus connue des chutes du bassin versant de la rivière Saint-Charles. Elle est située à l’interface de deux provinces géologiques, le Bouclier canadien et la plate-forme du Saint-Laurent, et date de l’époque postglaciaire. C’est une chute de près de trente mètres de haut qui, après avoir dévalé les roches dures du précambrien, s’enfonce dans les sédiments meubles et plongeant dans un canyon d’une quarantaine de mètres. Comme ailleurs, les communautés humaines ont cherché à utiliser le pouvoir hydraulique de la chute comme facteur de production. Sa première exploitation remonte à 1731, quand les Jésuites ont voulu moudre les céréales et scier le bois provenant de leurs propriétés de manière plus efficace. Ensuite, de 1854 à 1900, les moulins à papiers Russel, Smith et Reid utiliseront successivement la chute. Puis, jusqu’en 1918, ce sont les producteurs d’hydroélectricité qui tenteront chacun leur tour d’exploiter la force motrice de la chute afin de pourvoir Loretteville en électricité. Actuellement, un site d’interprétation y est géré par la Corporation du parc de la falaise et de la chute Kabir Kouba (Brodeur et al., 2009).
La fonte des glaces, appelée déglaciation, a transporté et déposé différents matériaux sur la totalité du territoire. Dans le nord du bassin de la rivière Saint-Charles, des zones d’épandage proglaciaire, dont le dépôt est composé de sable, de gravier et de cailloux émoussés, sont observables sur une grande partie du lit d’écoulement de la rivière des Hurons ainsi qu’au sud des Trois Petits Lacs. Ces dépôts suivent un classement granulométrique de l’amont vers l’aval (Brodeur et al., 2009).
Le centre du bassin versant de la rivière Saint-Charles présente des caractéristiques géomorphologiques très semblables à celles du nord. En effet, ces deux régions comprennent des collines granitiques recouvertes de dépôts glaciaires (till) sur les hauteurs et de dépôts fluvioglaciaires dans les dépressions. Au sud du sous-bassin de la rivière Jaune, par exemple, les sédiments sont issus d’un épandage proglaciaire subaérien (sables, gravier et blocs) alors qu’au sud-ouest du lac Saint-Charles, le dépôt provient d’un épandage proglaciaire subaquatique (sables, sables silteux et un peu de gravier). Il existe aussi des zones de dépôts juxtaglaciaires (sables, gravier, blocs et un peu de till) trouées de petits kettles et renfermant des eskers. On retrouve ce type de dépôts, entre autres, au sud du sous-bassin du lac Beauport ainsi qu’au sud-ouest du lac Saint-Charles où existent d’importantes sablières et gravières. Dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles, la présence de crag and tail qui présentent des structures géomorphologiques issues de la phase de fonte glaciaire est à noter (Brodeur et al., 2009).
Entre 2018 et 2022, la fluctuation maximale du stock en eau souterraine dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles a été de 85 Mm3. Cela représente environ 1.6 fois plus que le volume d’eau total présent en surface et démontre l’importance qu’on doit attribuer à l’eau souterraine dans une étude hydrologique complète d’un bassin versant (Communication personnelle, Yohann Tremblay, 2024). En effet, les changements qui peuvent affecter les volumes d’eaux souterraines peuvent être majeurs d’un point de vue de la ressource totale.
Les projections en lien avec les changements climatiques dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles révèlent que des hausses de 1.8 et 1.9 °C sont attendues à l’horizon 2031-2060, respectivement pour les températures maximales et minimales journalières, lorsque comparés à la période de référence 1991-2020, de même que des augmentations de 6, 9 et 10 % sont projetées aux horizons 2031-2060, 2051-2080 et 2071-2100, respectivement, pour les précipitations totales annuelles (Communication personnelle, Yohann Tremblay, 2024).
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