En 2005, le plan d’action de gestion des matières résiduelles (PGMR) de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) mettait de l’avant des objectifs de réduction des matières éliminées sur son territoire et voulait augmenter la part de valorisation (CMQ, 2010). Toutefois, la nouvelle Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 2011-2015 apporte avec elle un travail d’actualisation du PGMR dans les prochaines années pour ainsi inclure de nouveaux objectifs fixés par le gouvernement du Québec. Parmi les plus importants :
• Inclure la gestion des matières résiduelles provenant des secteurs ICI (industries, commerces et institutions) et CRD (construction, rénovation et démolition) auparavant exclue des calculs globaux de performance du PGMR. Incluant :
– 80% de valorisation du béton, de la brique et de l’asphalte;
– 70% des résidus de CRD acheminés à un centre de traitement.
• Bannir l’élimination des matières organiques (incluant les boues des stations d’épuration) d’ici 2020.
• Remplacer l’élimination du papier, du carton et du bois par le recyclage et ce, au plus tard en 2013 pour le papier et le carton et au plus tard en 2014 pour le bois.
• Remplacer l’élimination de la matière organique putrescible (essentiellement les résidus de table, les branches, les résidus de jardinage, le gazon et les feuilles) par le compostage et /ou la valorisation ou encore la transformation en source d’énergie réutilisable.
• Assurer la mise en œuvre d’un programme de traitement des matières organiques putrescibles par des procédés de biométhanisation et de compostage.
Sur le territoire de la Rive Nord de la CMQ, près de 150 000 tonnes de déchets ont été réemployées, recyclées ou valorisées en 2010 (CMQ, 2011). En 2010, le taux de diversion de matières résiduelles de l’élimination atteint 51% sur le territoire de la Rive Nord de la CMQ (CMQ, 2011). Diverses entreprises interviennent dans le processus de transformation: les entreprises d’économie sociale, les coopératives et les organismes communautaires réemploient, recyclent et valorisent bon nombre des matières résiduelles. Le Centre de tri de la ville de Québec travaille en surcharge permanente. La capacité de traitement est de 20 à 25 t/heure, mais le centre de tri doit fonctionner au rythme de 40 à 50 t/heure (TVA nouvelles, 2011). Plusieurs investissements sont prévus afin d’augmenter sa capacité de triage (TVA nouvelles, 2011). En 2010, quelque 55 000 tonnes y ont été triées (CMQ, 2011).
La plupart des déchetteries de la ville de Québec ont vu leur mandat transformé pour devenir des écocentres, lieu où l’on donne de l’information reliée aux enjeux environnementaux et, plus spécifiquement, à la gestion des matières résiduelles et aux ressources du territoire. Les écocentres reçoivent les matières résiduelles des citoyens qui sont alors gérées dans l’optique des 3RV et redistribuées à des entreprises impliquées dans le réemploi, la revente, le recyclage et la valorisation des matières. En ce qui concerne les matériaux provenant du secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition, ils peuvent être apportés dans les écocentres ou au centre de tri Veolia dans le bassin versant de la rivière du Cap Rouge.
Situé dans le bassin versant du ruisseau du Moulin (dans le quartier de Limoilou), l’incinérateur de Québec a une capacité nominale de 280 000 t par an (Comité Incinérateur, 2011). En 2007, il a traité 305 000 t de déchets (Ville de Québec, 2008). Construit en 1974, l’incinérateur a pu diminuer la pollution atmosphérique qu’il émet grâce aux travaux de modernisation (Radio-Canada, 2011). Sa fermeture est tout de même envisagée pour 2024 (CMQ, 2011). La grande majorité des déchets produits sur le territoire de la ville de Québec y est éliminée. Cependant, les encombrants et les déchets non valorisables, tels les mâchefers, sont dirigés vers le lieu d’enfouissement technique (LET) de Saint-Joachim.
Sur le territoire on compte une quinzaine de lieux d’enfouissement sanitaires fermés (figure 5.11.1). Entre autres, le lieu d’enfouissement sanitaire (LES) de Stoneham, qui possédait une capacité annuelle de stockage de 156 000 m3, est arrivé à saturation en 2002. Il a été fermé et revégétalisé conformément aux règlements. Un suivi environnemental est fait par la municipalité de Stoneham depuis 2005 qui comprend une inspection visuelle du terrain afin de s’assurer qu’aucune résurgence n’ait lieu (Coache, 2012). Mentionnons que l’inspection visuelle est l’unique suivi demandé à la municipalité par le MDDEFP. Nous ne détenons aucune information à ce jour quant aux suivis des autres lieux d’enfouissement sanitaires déjà fermés sur le territoire. Il est certain que le Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles en vigueur depuis 2006 (REIMR) requiert un suivi des eaux souterraines pour les sites d’enfouissement technique. Toutefois, aucun site d’enfouissement technique n’existe sur le territoire, et ce règlement n’est pas applicable sur les sites d’élimination qui sont déjà fermés.
Malgré le grand nombre d’infrastructures existantes pour la gestion des matières résiduelles, la présence de dépôts sauvages sur le territoire est toujours une réalité. Des règlements existent pour contrer ce phénomène dans chacune des municipalités du territoire et la lutte aux contrevenants est constante.
En milieu urbain, les neiges accumulent des quantités impressionnantes de contaminants qui peuvent avoir diverses répercussions sur les cours d’eau, d’où l’importance d’une gestion sévère des procédés d’entretien des routes et des lieux d’élimination de neige usée. Le Règlement sur les lieux d’élimination de neige exige que les sites qui ont des rejets dans le milieu naturel complètent un suivi de qualité des rejets (MDDEP, 2011).
On compte 20 sites de dépôts de neige usée sur le territoire, dont 1 site non autorisé, 14 sites gérés par la Ville de Québec, 1 site géré par la Ville de L’Ancienne-Lorette, et 4 sites privés. Douze des sites de la Ville de Québec sont suivis pour la qualité des eaux de fontes, car ces dernières aboutissent dans des cours d’eau. Les milieux récepteurs pour ces sites incluent le fleuve Saint-Laurent, les rivières du Cap Rouge, Lorette, Saint-Charles et Montmorency (ce dernier site est sur le territoire de l’OBV de la Capitale, mais les eaux sont rejetées dans la zone de gestion intégrée de l’eau avoisinante – Charlevoix-Montmorency). Les données de suivi de l’hiver 2009-2010 ont été récoltées trois à cinq fois entre la période de fonte des neiges jusqu’à la mi-juin. Les eaux de fontes ont été analysées pour déterminer leur concentration en MES, chlorures et huiles. Mentionnons qu’aucune présence d’huile n’a été détectée dans les rejets des 12 dépôts à neige usée de la Ville de Québec (Martineau, 2012). Pour ce qui est des chlorures, tous les échantillons prélevés pendant le début de la période de fonte des neiges ont dépassé les normes pour la protection de la vie aquatique – toxicité chronique (280mg/l), et 9 sites sur 12 ont dépassé le critère pour la protection de la vie aquatique – toxicité aiguë (860 mg/l). Pour les MES, la norme de MES décantables inférieures à 30 % n’a pas été respectée une fois durant la période d’échantillonnage pour 4 des 12 stations (Ville de Québec, 2010). Aucune donnée n’est disponible sur la qualité des eaux de fonte pour les autres dépôts de neige usée sur le territoire.
Il y a quelques années, la Ville de Cap-Rouge a innové en mettant sur pied un nouveau système de traitement des neiges usées à l’aide d’une fondeuse géothermique. La fondeuse a été mise en fonction en janvier 1998. Le principe utilisé est relativement simple. Il s’agit d’injecter de l’eau réchauffée par des capteurs solaires en période estivale dans une formation granulaire souterraine abritant une nappe aquifère stable et captive. Avant son injection, l’eau brute subit un traitement au chlore afin de prévenir le développement des coliformes fécaux. L’hiver, il ne reste plus qu’à pomper cette eau chaude dans un grand réservoir en béton dans lequel sont déversées les neiges usées. Une fois la neige fondue, elle subit un traitement de décantation. Après quatre heures, l’eau décantée sort par un trop-plein et aboutit dans la rivière du Cap Rouge. La capacité de fonte du système est d’environ 1000 m³/jour. L’eau brute est prélevée du fleuve Saint-Laurent. Depuis sa mise en fonction, la fondeuse de neige n’a été qu’utilisée de façon intermittente, raison pour laquelle aucune donnée de qualité de l’eau à la sortie de la fondeuse de neige n’est disponible pour les dernières années (Robillard, 2012). Des données de qualité de l’eau ont été recueillies pendant la première année d’utilisation de la fondeuse permettant de constater que les eaux de fonte rejetées dans la rivière du Cap Rouge respectaient les normes en vigueur pour les ions chlorure et les MES (Bilodeau, 1999).
BILODEAU, S. 1999. La fondeuse à neige de Cap Rouge, un an après son démarrage! Vecteur Environnement, 32 (2): p.70-73.
COACHE, JEAN-PIERRE – MUNICIPALITÉ DES CANTONS UNIS DE STONEHAM-ET-TEWKESBURY 2012. Communication téléphonique, juillet 2012.
COMITÉ DE VIGILANCE DE L’INCINÉRATEUR DE LA VILLE DE QUÉBEC. 2008. Foire aux questions. En ligne: http://incinerateur.qc.ca/faq.html. Consulté le 13 décembre 2011.
COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE QUÉBEC (CMQ). 2010. Plan de gestion des matières résiduelles 2010. En ligne: http://www.reduiremesdechets.com/. Consulté le 13 décembre 2011.
COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE QUÉBEC (CMQ). 2011. Bilan du PGMR CMQ Rive-Nord 2010. Présentation Powerpoint. En ligne: http://www.reduiremesdechets.com/documents/Bilan_PGMR_2010.pdf. Consulté le 14 décembre 2011.
CONSEIL DE BASSIN DE LA RIVIÈRE DU CAP ROUGE (CBRCR). 2010. Portrait du bassin versant de la rivière du Cap Rouge, Québec. 106 pages.
GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. 2012. Règlement sur les déchets solides. c. Q-2, r. 13
GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. 2012. Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles. c. Q-2, r. 19
MARTINEAU, O., 2012. Service de l’environnement, Ville de Québec. Communication personnelle par téléphone, le 5 janvier, 2012.
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RADIO-CANADA. 2011. L’incinérateur de Québec plus près des normes. En ligne: http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2011/12/12/009-incinerateur-pollution-diminution_questions.shtml. Consulté le 12 décembre 2011.
ROBILLARD, D., 2012. Service de l’environnement, Ville de Québec. Communication personnelle par téléphone, le 5 janvier 2012.
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Mis à jour le 12 février 2015