La quantité et la qualité des espaces boisés d’un bassin versant sont des composantes essentielles au maintien de l’intégrité des plans d’eau. La forêt régularise la température et le débit des cours d’eau, réduit l’amplitude et la durée des épisodes de crues et d’étiage et minimise l’érosion et le transport de sédiments vers les cours d’eau. La proportion de couverts forestiers est un indicateur de l’état d’un bassin versant et de l’altération potentielle du milieu aquatique (DGR, 2004). Les coupes à blanc en pentes fortes, l’emploi de pesticides, la construction de chemins d’accès et la circulation de la machinerie lourde près des cours d’eau peuvent nuire à la structure et la perméabilité du sol et causer de l’érosion. Il y aurait, dans le quart des cas, des effets négatifs lorsque plus de 50 % de la superficie d’un bassin versant a fait l’objet de coupes récentes (Plamondon, 2002).
Il est donc essentiel d’accroître nos connaissances sur l’état ainsi que l’utilisation du couvert forestier sur le territoire des bassins versant de la Capitale, afin de suivre efficacement l’état de la qualité de l’eau et de l’habitat aquatique des différentes rivières.
Les domaines bioclimatiques englobent de grandes étendues caractérisées par des conditions climatiques relativement homogènes auxquelles sont associées des espèces végétales dominantes et sous-dominantes, ainsi qu’un régime de perturbations naturelles (feu, épidémie, chablis). On subdivise les domaines en sous-domaines sur la base de ces perturbations, mais également en fonction des précipitations et de la végétation potentielle. Les territoires forestiers des bassins versants de la Capitale s’étendent sur trois domaines bioclimatiques, soient l’érablière à tilleul, la sapinière à bouleau blanc et la sapinière à bouleau jaune (AFPQ03, 2001), situés respectivement dans les sous-zones de végétation de la forêt décidue, de la forêt boréale continue et de la forêt mélangée (MFFP, 2015).
Les forêts des bassins versants de la décharge du lac Saint-Augustin et de la rivière du Cap-Rouge sont entièrement dans le domaine bioclimatique de l’érablière à tilleul. Une majorité des forêts des bassins versants de la rivière Beauport, Saint-Charles et du ruisseau du Moulin se retrouvent aussi dans ce domaine bioclimatique. La température moyenne annuelle est de 4 °C à 5 °C. Plusieurs espèces atteignent leur limite de distribution septentrionale, notamment le tilleul d’Amérique, le frêne d’Amérique, l’ostryer de Virginie et le noyer cendré (AFPQ03, 2001).
Un faible pourcentage des forêts présentes dans les bassins versants de la rivière Beauport, Saint-Charles et du ruisseau du Moulin se retrouvent dans le domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau jaune. La sapinière à bouleau jaune, une forêt mixte, est l’interface entre la forêt résineuse boréale et la forêt feuillue. La température moyenne annuelle oscille entre 1 °C et 2,5 °C. Les peuplements sont un mélange de bouleau jaune et d’essences résineuses (sapin baumier, épinette blanche et thuya). Les épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette et les incendies sont les principaux facteurs modulant la dynamique naturelle de ce domaine bioclimatique (AFPQ03, 2001).
Le domaine de la sapinière à bouleau blanc est aussi qualifié de forêt mixte. Il se situe entre les domaines de la sapinière à épinette noire (au nord) et de la sapinière à bouleau jaune (au sud). La température moyenne annuelle varie de 0 à 1,0 °C. Le paysage forestier est dominé par le mélange du sapin et de l’épinette blanche avec le bouleau blanc. Sur les sites moins favorables, on observe l’épinette noire, le pin gris et le mélèze souvent accompagnés de bouleau blanc et de peuplier faux-tremble. Le bouleau jaune et l’érable rouge ne subsistent qu’à la marge sud du domaine. La dynamique forestière est régie principalement par la tordeuse des bourgeons de l’épinette (en raison de l’abondance du sapin baumier), mais aussi par les feux (AFPQ03, 2011).
Les terrains forestiers sur les bassins versant de la Capitale sont pour la plupart privés. Les seules terres appartenant au domaine publique sont fédérales et situées sur le territoire de la garnison de Valcartier.
Dans la région de la Capitale-Nationale, près de deux tiers des propriétés privées (65 %) ont moins de 50 ha (AFPQ03, 2001). Nous ne possédons toutefois pas d’information plus spécifique pour les bassins versants du territoire couvert par l’OBV de la Capitale.
Avec une superficie de 160 000 hectares, le Séminaire de Québec est le plus gros propriétaire de terrains privés de la région de la Capitale-nationale (Séminaire de Québec, 2007). Ses terres s’étendent, en bande parallèle le long du fleuve, sur un territoire allant de la route 175 au sud-ouest jusqu’à la rivière du Gouffre dans la municipalité de Saint-Urbain dans Charlevoix. Seule sa partie sud-ouest (3928 hectares) est comprise dans le territoire des bassins versants de la Capitale, ce qui représente seulement 2,5% de l’ensemble des Terres du Séminaire (160 000 hectares).
L’autre grand propriétaire sur le territoire est la société américaine de placements «Quebec Forestland». Elle possède plus de 15 000 hectares de terrains dans la municipalité des cantons unis de Stoneham-et-Tewkesbury dont 417 hectares sont situés dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles. L’autre portion de leur propriété est située dans le bassin de la rivière Jacques-Cartier.
Ces dernières années, les travaux de récolte ont été très faibles sur les petites propriétés privées. Les grands propriétaires ont quant à eux continué une exploitation plus intensive de leurs ressources forestières. Les coupes se font toutefois conformément aux règlements de la CMQ et de la municipalité de Stoneham-Tewesbury.
La principale production des petits propriétaires privés est le bois de chauffage alors que celle des grands propriétaires est le bois de sciage. À ce jour, aucune donnée sur les volumes exploités par les propriétaires privés n’est disponible de manière spécifique pour chaque bassin versant de la zone de la Capitale (AFPQ03, 2001).
Puisque la quasi-totalité des territoires forestiers des bassins versants est privée, ce sont les municipalités et les villes qui ont la responsabilité de contrôler ces différentes activités en appliquant la Politique de protection des berges, des rives et du littoral du gouvernement du Québec et en réglementant l’abattage d’arbres sur leur territoire respectif. Les modalités des interventions forestières pour la Ville de Québec sont incluses dans le Règlement d’urbanisme harmonisé (Ville de Québec, 2008). Les autres villes du territoire des bassins versants possèdent également des réglementations similaires afin de gérer l’abattage du couvert forestier. De même l’abattage d’arbres sur le bassin versant de la prise d’eau potable sur la rivière Saint-Charles est également encadré par le Règlement de contrôle intérimaire visant à limiter les interventions humaines dans les bassins versants des prises d’eau de la Ville de Québec installées dans la rivière Saint-Charles et la rivière Montmorency adopté en 2010 par la Communauté métropolitaine de Québec. Enfin, Hydro-Québec TransÉnergie (HQT) doit parfois procéder à des abattages pour assurer la fiabilité de son réseau. Les diverses réglementations municipales sur ce sujet doivent tenir compte de ces impératifs.
Un rôle structurant de concertation est aussi tenu par l’Agence des forêts privées de Québec 03. Elle regroupe les MRC, la Ville de Québec, le Syndicat de propriétaires forestiers, les organismes de gestion en commun, les industriels forestiers et des représentants du ministère des Ressources naturelles. Son objectif est l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi du Plan de protection et de mise en valeur de la forêt privée (PPMV). Le PPMV, réalisé en 2001, présente le portrait le plus récent de la forêt privée régionale. Il est cependant difficile d’en retirer des données à l’échelle des bassins versants. Vraisemblablement, les réductions de coupes en forêts publiques pourraient augmenter la pression de récolte sur les forêts privées et le PPMV sera réévalué conséquemment. À l’Agence des forêts privées de Québec, l’enjeu premier est l’intensification de l’aménagement forestier dans les territoires situés à proximité des usines de transformation. Les boisés locaux, principalement des érablières, font cependant l’objet de récoltes visant beaucoup plus la consommation personnelle et le marché local du bois de chauffage que celui de l’industrie de la transformation du bois (AFPQ03, 2001).
Que ce soit pour l’exploitation forestière ou pour l’acériculture, le territoire des bassins versants de la Capitale est soumis à une gestion visant à mieux gérer et à mieux mettre en valeur le potentiel de la ressource. Dans sa vision stratégique de développement, la Communauté métropolitaine de Québec vise à préserver, à mettre en valeur et à développer les potentiels des milieux forestiers et boisés (CMQ, 2005). Ses orientations touchant la forêt sont les suivantes :
Pour sa part, la MRC La Jacques-Cartier présente, dans son schéma d’aménagement, des objectifs d’aménagement visant à mettre en valeur les ressources forestières du territoire (MRC La Jacques-Cartier, 2004).
De plus, dans le Plan de développement intégré des ressources et du territoire de la Capitale-Nationale (PDIRT), l’objectif 3.6 de l’orientation 3 stipule :
Objectif 3.6 : Appuyer les organismes de bassins versants afin que ceux-ci se dotent de plans directeurs de l’eau (PDE) et participer à la mise en œuvre des recommandations.
Actions privilégiées :
3.6.1 Participer à l’élaboration des PDE;
3.6.2 Inviter les partenaires à fournir des informations sur l’utilisation des ressources hydriques pour l’élaboration des PDE (CRÉ, 2011).
Sur le territoire de l’OBV de la Capitale, on retrouve 6 écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE) qui sont présentés dans le tableau suivant.
Tableau 5.2.4.1.1 : Écosystèmes forestiers exceptionnels présents sur le territoire (AFPQ03, 2001)
Nom de site | Type d'ÉFE | Groupement végétal | Superficie (ha) |
---|---|---|---|
Mont Wright | ancien | Érablière à bouleau jaune et hêtre | 75 |
Mont Wright | ancien | Pessière rouge à sapin | 30 |
Mont Bélair | ancien | Érablière à tilleul | 20 |
Lac à Monette | ancien | Érablière à bouleau jaune et hêtre | N/D |
Saint-Augustin-de-Desmaures | rare | Hêtraie | 20 |
Promontoire de Cap-Rouge | rare-refuge | Chênaie rouge à érable à sucre | 6 |
Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune distingue les écosystèmes forestiers communs des écosystèmes forestiers exceptionnels qui regroupent trois catégories distinctes :
Un écosystème rare se définit en fonction de sa composition en espèces végétales ou de sa structure; il occupe un nombre limité de sites et couvre une faible superficie; il est naturellement peu fréquent parce qu’il présente un agencement rare de conditions écologiques ou il peut être devenu rare sous l’influence des activités humaines (AFPQ03, 2001).
Une forêt ancienne est un écosystème forestier où les arbres dominants ont largement dépassé l’âge de maturité biologique, compte tenu de l’environnement et de la position géographique. Ces forêts possèdent une dynamique particulière, suggérée par la coexistence d’arbres vivants, sénescents et morts, de taille variable, ainsi que par la présence au sol de troncs à divers stades de décomposition. Elles n’ont été, selon toute apparence, que peu affectées par l’homme au cours de l’histoire récente (AFPQ03, 2001).
Un écosystème forestier exceptionnel refuge est caractérisé par la présence d’une concentration significative d’espèces (espèces végétales désignées ou susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables), ou d’une espèce de très grande rareté ou encore par la présence d’une espèce dont la population contribue de façon remarquable à sa conservation (AFPQ03, 2001).
La majeure partie du bassin versant est occupée par la forêt, qui représente 58 % du territoire. En comparaison, elle couvre 87 % du territoire régional de la Capitale-Nationale (DGR, 2004). Dans certains sous-bassins, comme celui de la rivière Lorette, cette couverture chute à moins de 32 %. Cette disparité s’explique par la forte urbanisation du bassin versant; le sud étant très urbanisé les superficies encore boisées sont essentiellement concentrées dans la portion nord du bassin versant. Le milieu forestier du bassin versant est singulier par sa proximité avec le milieu urbain. Les sols agricoles étant protégés par la Loi sur la protection du territoire agricole, le développement urbain tend donc à se faire en milieu forestier, entraînant une diminution graduelle du couvert.
La carte du potentiel forestier exprime globalement et théoriquement la capacité naturelle du milieu, sans aménagement particulier, à produire un volume de bois pour une espèce donnée (Gérardin et al., 1997). Les sols riches, épais et bien drainés présentent les meilleurs potentiels. Ce sont aussi les meilleurs sols pour l’agriculture.
Les milieux naturels sur le territoire de la ville de Québec ont été regroupés selon quatre catégories : la forêt, les boisés urbains, les milieux humides et les plans d’eau.
La forêt de Québec est composée des peuplements forestiers qui recouvrent principalement la couronne nord de la ville et qui sont compris dans l’aire d’affectation forestière. L’aire d’affectation forestière représente la composante spatiale dominante du territoire de la ville de Québec (2002-2005), soit plus de 35% de sa superficie. Ce territoire est constitué de forêts privées et présente des usages orientés principalement autour de l’exploitation forestière et de la préservation.
Les boisés urbains sont des espaces boisés géographiquement délimités, non reliés au domaine forestier et enclavés par des terrains urbanisés, des cours d’eau ou des champs. Pour être reconnu comme un milieu naturel, le boisé urbain doit englober toutes les strates de végétation naturelle (herbacée, arbustive et arborée). Ces boisés peuvent se retrouver à l’intérieur comme à l’extérieur des parcs existants. Les zones de contraintes boisées, c’est-à-dire les falaises et les rives, sont aussi incluses dans cette catégorie (Ville de Québec, 2006).
Au sud du bassin versant, le couvert forestier est réparti dans des parcs et des boisés urbains. Il existe une grande diversité dans la physionomie des parcs sur le territoire et l’on trouve parmi eux des espaces remarquables. Les marais du Nord, le plus connu, apparait d’ailleurs dans le répertoire des milieux naturels d’intérêt de la ville de Québec (Ville de Québec, 2005a). Au sein des milieux urbanisés, les boisés étant souvent les derniers espaces non construits, ils sont soumis à de nombreux enjeux (spéculation foncière, pression urbaine, etc.) et, de ce fait, de nombreux projets d’aménagement cristallisent les attentes des usagers et des gestionnaires.
Le couvert forestier dans le bassin versant de la rivière du Cap Rouge se divise en trois ensembles, caractérisés par la nature des terres avoisinantes. On distingue le massif du mont Bélair, les boisés en milieu agricole et les parcs et boisés urbains. Les trois ensembles couvrent approximativement 2484 ha, soit 31 % de la superficie totale du bassin (CBRCR, 2009).
Le massif du mont Bélair, situé dans la partie nord du bassin, se caractérise par une végétation abondante. La valeur paysagère de cette montagne est élevée, puisque son fort couvert forestier est visible d’aussi loin que le centre-ville de Québec. Il est constitué de peuplements d’érablières pures ou d’érablières associées à diverses essences de feuillus comme le bouleau jaune ou le tilleul (Eco Vision, 2003). Selon la carte de potentiel acéricole de l’Agence des forêts privées de Québec, ce secteur comporterait ainsi plusieurs érablières propices au développement d’une production de sirop d’érable. Certains acériculteurs y exploitent d’ailleurs déjà des érablières (AFPQ03, 2001).
Au sein même du massif se trouve le parc naturel du mont Bélair. Dans ce parc, entièrement situé sur le mont Bélair, on recense 120 espèces végétales, 80 peuplements forestiers et 90 espèces d’oiseaux (CBRCR, 2009). Initialement acquises par la Fondation de la faune du Québec en 2004 et en 2007, les terres furent par la suite cédées à la Ville de Québec, sous condition d’être conservées perpétuellement. Le processus d’acquisition d’autres terres privées par la Ville de Québec est d’ailleurs encore en cours. Une fois complété, le parc devrait s’étendre sur environ 560 ha, ce qui permettra la conservation d’une mosaïque intéressante d’écosystèmes et de leur biodiversité (MAMROT, 2010).
En milieu agricole, le couvert forestier est beaucoup moins présent. Outre la présence de peuplements mélangés nobles ou de transition, situés à l’interface des zones agricoles et forestières, plusieurs boisés de petite superficie sont également présents à l’intérieur des aires de cultures et de friches. Ces boisés sont constitués principalement de jeunes peuplements mixtes ou de résineux en régénération (Eco Vision, 2003).
En milieu urbain, les boisés sont regroupés en parc. Ces derniers sont souvent aménagés le long de la rivière. Dans le secteur de la base plein air de Sainte-Foy, les principales essences rencontrées sont l’érable rouge et le bouleau jaune. Au parc Champigny et le long des rives de la rivière dans le secteur Sainte-Foy, ce sont les saules, les frênes et les peupliers qui dominent la terrasse inférieure, tandis que les frênes, les peupliers et les ormes dominent les pentes et la terrasse supérieure. Dans le parc des Écores, on retrouve des saules fragiles, des frênes, des ormes et des bouleaux. Finalement, le parc Champigny présente des peuplements forestiers de grande diversité (jusqu’à 75 espèces végétales), où des essences peu communes tels que le tilleul d’Amérique et le noyer cendré sont observées (CBRCR, 2009). Dans l’ensemble de ces parcs urbains, la forêt est utilisée à des fins récréatives.
Le couvert forestier du bassin versant de la rivière Beauport occupe une superficie approximative de 812 ha, soit 31 % du bassin versant. Les milieux boisés d’importance se concentrent davantage dans la section en amont du bassin versant; ces derniers sont notamment traversés par une ligne électrique de haute tension. La forêt y couvre encore de très bonnes superficies. On y retrouve plusieurs grands peuplements de feuillus tels des érablières à tilleul ou de résineux ou encore des sapinières à bouleau jaune. Les essences présentes sont l’érable à sucre, l’érable rouge, le bouleau jaune, le bouleau blanc, le sapin baumier et d’autres feuillus tolérants. En allant plus au sud des lignes de haute tension, on rejoint un milieu davantage résidentiel. Les peuplements rencontrés sont des bétulaies, des sapinières et des ensembles de feuillus intolérants. D’avantage au sud, la zone résidentielle est prédominante, ce qui morcelle et perturbe beaucoup plus le couvert forestier. On se trouve alors dans un milieu propice aux érablières, aux feuillus intolérants et aux peupleraies (CVRB, 2005). Le territoire forestier restant est fractionné en boisés. Parmi ces derniers, on retrouve des milieux naturels d’intérêt répertoriés par la Ville de Québec. Ces secteurs, dont le boisé du camp Bourg-Royal, le Parc linéaire de la rivière Beauport et le boisé du Mélézin, couvrent à eux seuls une superficie de 97 ha. Les boisés d’intérêt ont majoritairement des vocations récréotouristiques (sentiers pédestres, camping, activités aquatiques) et de conservation (Ville de Québec, 2005a).
On calcule qu’environ 9 % du bassin versant du ruisseau du Moulin (169 ha) est encore sous couvert forestier. La plus importante concentration de superficies boisées se trouve dans la section amont du bassin versant, à la lisière nord de terres agricoles. Plus en aval, on retrouve une cédrière humide à thuya occidental, identifiée comme milieu d’intérêt par la Ville de Québec (Ville de Québec, 2005a) et comme forêt humide d’intérêt par le Plan directeur d’aménagement et de développement de la ville de Québec (Ville de Québec, 2005 b). Ailleurs sur le bassin versant, le saule fragile est considéré comme espèce dominante dans la majeure partie du couvert arborescent (CAGEQ, 2009).
Le secteur du ruisseau du Moulin est très peu utilisé dans le cadre d’activités d’exploitation forestière. Certains espaces sont cependant réservés à la mise en valeur de la forêt, comme le démontre la vocation du domaine forestier de Maizerets. Ce domaine, présent non loin de l’embouchure du ruisseau, est un parc entretenu de 27 ha qui offre des activités d’animation familiale. Sa mission est, entre autres, de contribuer à mettre en valeur et à faire connaître les richesses naturelles présentes sur les territoires. Avec le même objectif en tête, le comité de valorisation du ruisseau du Moulin faisait mention en 2009 d’un projet de sentiers pédestres ou multiusages dans un corridor vert longeant le ruisseau du Moulin (CAGEQ, 2009).
Le bassin versant du lac Saint-Augustin est recouvert de près de 142 ha de boisés, ce qui correspond approximativement à 20 % de la superficie du bassin versant, en excluant le lac. La superficie, en fonction de la nature des terres environnantes, est répartie comme suit :
Tableau 5.2.6.1 : Superficie des différents types de boisé du bassin versant du lac Saint-Augustin
Terres environnantes | Superficie du boisé (ha) |
---|---|
Urbains | 55 |
Riverains | 44 |
Agricole | 42 |
Il est intéressant de noter que, selon une étude réalisée dans le cadre de « La Grande Corvée », cette proportion serait restée sensiblement la même entre 1976 et 2002 (Lapierre et al. 2002). Elle est cependant d’un tout autre ordre que celle que l’on retrouvait en 1937, où de grands massifs forestiers étaient présents sur une grande partie du bassin versant du lac Saint-Augustin. Comme dans les autres bassins versant de la région, l’urbanisation du territoire est en cause dans le recul des terrains boisés.
Les boisés actuels sont morcelés, de faibles superficies, et affichent une connectivité relativement faible. La faible proportion de rives encore boisées, soit 39 %, est l’une des observations marquantes du portrait forestier tiré par Lapierre et al. (2002). Malgré ce morcellement, les boisés du bassin versant sont en général très peu perturbés. On y retrouve plusieurs essences à potentiel commercial, nobles (érable rouge et à sucre, chêne rouge, frêne blanc) ou résineuses (sapin, mélèze, pruche). Actuellement, en raison de la tenure privée des terres dans le secteur, il est difficile d’obtenir des données sur la présence ou non d’exploitation forestière sur le territoire du bassin versant.
La conservation de ces petits îlots boisés est essentielle pour espérer améliorer la santé de l’écosystème aquatique du lac Saint-Augustin. C’est pourquoi diverses mesures ont été prises afin de préserver et améliorer l’état du couvert forestier. En 2009, un programme à deux volets a été entamé par la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, en collaboration avec le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire et le Conseil de bassin du lac Saint-Augustin. L’objectif était de sensibiliser les riverains au phénomène de prolifération des algues bleu-vert, et de mettre en œuvre des actions concrètes pour améliorer le bilan de santé du lac. Il a été décidé de procéder à une revégétalisation des berges, puisque la bande végétale riveraine agit comme bouclier protecteur de la rive du lac (Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, 2011).
La zone boisée en bordure du fleuve couvre une superficie de 255 ha, ce qui correspond à 8 % de la surface totale du territoire. Elle se situe essentiellement dans des secteurs où le terrain est fortement escarpé. Les falaises du promontoire de Québec sont les plus connues, bien que d’importantes falaises soient aussi présentes sur le territoire de Saint-Augustin et dans l’arrondissement de Beauport, dans les secteurs de la Terrasse-Cadieux et de la rue Sauriol. En raison de cet escarpement et de leur tenure privée, ces boisés sont pour la plupart inaccessibles. La limitation des usages et du déboisement dans ces secteurs de fortes pentes a favorisé la protection du couvert forestier. Les zones de fortes pentes, telles qu’identifiées par le Plan directeur d’aménagement et de développement (PDAD) de la Ville de Québec, sont celles où la pente du terrain est supérieure à 14 degrés (25 %). Elles incluent les abords inférieurs et supérieurs des pentes, sur une profondeur respective de 10 et de 20 mètres. Ce plan reconnaît donc les falaises sud et nord du promontoire de Québec comme un paysage d’intérêt (Ville de Québec, 2006b). Le reste du territoire forestier est fractionné en plusieurs autres boisés urbains, localisés dans les secteurs plats du territoire. Ces derniers sont presque tous aménagés en parcs à vocation récréotouristique.
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Mis à jour le 11 février 2015