Les activités agricoles sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) généraient en 2007 des revenus d’exploitations agricoles totalisant 114 millions de dollars. Elles constituent un puissant moteur socio-économique puisque près de 50 000 emplois directs ou indirects leur sont associés, soit 12,4 % des emplois totaux sur le territoire de la CMQ (Fédération de l’UPA de la Rive-Nord, 2011).
Sur le territoire de la zone de la Capitale, les activités agricoles sont pour la plupart concentrées dans la portion ouest, en grande partie dans les bassins versants des rivière du Cap Rouge, Lorette et Nelson, bien que l’on en trouve aussi dispersées ailleurs, notamment dans le bassin de la rivière du Moulin. La figure ci-contre illustre les parcelles agricoles présentes sur le territoire et qui sont assurées dans les programmes de la Financière agricole du Québec (FADQ), en 2009. Les cultures utilisées pour les regroupements sont : foin, maïs, blé, orge, avoine, soya, canola, autres céréales, maraîcher, petits fruits, et autres. Les classes de cultures données sont basées sur des déclarations faites par les producteurs agricoles à la FADQ. Les données compilées à la fin de l’été ont été utilisées et 10% de ces déclarations ont été vérifiées sur le terrain.
En fonction de leur mandat, plusieurs autres acteurs du milieu agricole prennent des décisions et mettent en œuvre des actions qui influencent les usages et la qualité de l’eau sur les bassins versants du territoire de la Capitale. Ces acteurs sont la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Rive-Nord, le Club agroenvironnemental de la Rive-Nord (CARN), le ministère de l’Agriculture et l’agroalimentaire Canada (AAC) et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).
Le MAPAQ influence et appuie l’essor de l’industrie bioalimentaire québécoise dans une perspective de développement durable. Il réalise des interventions en production, en transformation, en commercialisation et en consommation des produits agricoles, marins et alimentaires. Il joue aussi un rôle important en matière de recherche et de développement, d’enseignement et de formation. De nombreux programmes de soutien financier sont offerts aux agriculteurs, dont le programme Prime-Vert, qui vise à promouvoir et diffuser les bonnes pratiques agricoles (MAPAQ, 2011).
Il s’agit de l’organisme qui pose le plus d’actions sur le terrain et au niveau financier via Prime-Vert. Ce programme a pour objectif de promouvoir et de diffuser les bonnes pratiques agricoles, de soutenir les exploitations agricoles et les usines de transformation agroalimentaire afin qu’elles puissent se conformer aux lois, règlements et politiques et de les aider à adapter leur système de production en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de conserver les ressources et d’améliorer l’environnement agricole. Pour aider les exploitations agricoles et les usines de transformation agroalimentaire à se conformer à son orientation, le Ministère a retenu les neuf volets d’intervention suivants :
• Ouvrages de stockage des fumiers et gestion des résidus agricoles
• Technologies de gestion des matières fertilisantes et des émissions de gaz à effet de serre
• Équipement d’épandage des fumiers
• Services-conseils en agroenvironnement et en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre
• Services-conseils collectifs en agroenvironnement
• Réduction de la pollution diffuse
• Réduction de l’emploi des pesticides et des risques
• Remplacement de sources d’énergie et valorisation énergétique de la biomasse
• Projets d’envergure pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (MAPAQ, 2009).
L’union des producteurs agricoles apporte une contribution importante à la gestion de l’eau par bassin versant. Son penchant régional, la Fédération de la Rive-Nord, couvre un territoire s’étendant de la région de Portneuf jusqu’à la Côte-Nord, en longeant le Saint-Laurent. Elle regroupe 1 180 fermes exploitées par plus de 1 600 producteurs agricoles. Elle appuie ses membres dans de vastes projets d’amélioration de la qualité des cours d’eau agricoles, leur fournissant un coffre à outils agroenvironnemental, des guides techniques et des documents de références pour de meilleures pratiques. Les producteurs agricoles peuvent identifier des problèmes d’érosion et de dégradation de la qualité du cours d’eau et contribuer à chercher des solutions. Dans certains cas, l’UPA joue un rôle de parrain de projets. Ces projets sont appuyés par les gouvernements et de nombreux partenaires publics et privés, comme la Fondation de la faune du Québec. Certains professionnels de l’UPA agissent comme conseillers ou agents de formation auprès des producteurs (UPA, 2011).
Les clubs-conseils en agroenvironnement (CCAE) sont des regroupements volontaires de producteurs agricoles dont l’objectif est de favoriser le développement durable des exploitations agricoles québécoises en adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement. Les bassins versants de la Capitale sont compris dans l’offre de service du CCAE de la Rive-Nord aussi appelé le CARN. Ils accompagnent les agriculteurs membres dans différents aspects de leur démarche environnementale, selon six axes d’intervention: amélioration de la gestion des fertilisants, réduction et meilleure utilisation des pesticides, adoption de pratiques culturales de conservation, aménagement et protection de cours d’eau, atténuation des gaz à effet de serre et amélioration de la biodiversité et de la cohabitation harmonieuse (CCAE, 2011). Le CARN offre des services en agroenvironnement aux producteurs membres dans le cadre du volet 8 du programme Prime-Vert du MAPAQ – Services conseils en agroenvironnement et en matière de réduction des gaz à effet de serre. Sur le territoire de l’OBV de la Capitale, il y a 4 producteurs qui sont membres du CARN et il n’y a pas eu de projet qui a touché ces derniers. Ces producteurs sont tous assujettis au PAEF, au PAA et au bilan de phosphore (Annie Dumas, 24 janvier 2012).
Le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire met en œuvre plusieurs programmes qui ont pour objectif une gestion avantageuse de terres agricoles et des ressources en eau des bassins versants. Ils fournissent de l’information sur les pratiques de gestion axées sur la protection des terres, de l’eau et des bassins versants, et aident à la mise en œuvre de ces pratiques. L’aide apportée aux producteurs est de nature technique ou financière (AAC, 2011). AAC finance les Plans d’accompagnement agroenvironnemental (PAA) selon une entente provinciale-fédérale.
C’est dans l’optique d’avoir un meilleur contrôle sur la qualité des eaux sur le territoire que des règlements furent instaurés par les autorités gouvernementales et municipales.
Le règlement sur les exploitations agricoles, adopté en 2002 par le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, a pour objectif d’assurer la protection de l’environnement, particulièrement celle de l’eau et du sol, contre la pollution causée par certaines activités agricoles. Il s’applique aux élevages d’animaux et aux installations d’élevage de ces animaux, aux ouvrages de stockage de leurs déjections et à l’épandage de celles-ci. Il interdit de donner accès aux cours d’eau et aux plans d’eau ainsi qu’à leur bande riveraine aux animaux. De plus, il dicte les pratiques de stockage étanche des fumiers et limite les doses maximales de matières fertilisantes de toutes sources (engrais organiques et minéraux) qui peuvent être épandues dans les champs cultivés (MDDEP, 2006). En outre, le 15 décembre 2004, le gouvernement du Québec a édicté le Règlement modifiant le REA afin d’interdire l’augmentation des superficies cultivées dans les bassins dégradés, soit les bassins où le critère d’eutrophisation est dépassé. Cette mesure a pour objet de freiner la détérioration de la qualité de l’eau. Les municipalités comprises dans les bassins versants de la Capitale sont soumises à cette réglementation.
Les règlements de contrôle intérimaire (RCI) agricoles furent instaurés par la MRC La Jacques-Cartier et par la Communauté métropolitaine de Québec. Ils s’appliquent sur le territoire de l’ensemble des bassins versant de la Capitale. En termes de protection de cours d’eau, le second affecte 5% des surfaces agricoles du bassin versant de la Saint-Charles. Il prohibe, sur le territoire de agglomération de Québec et au-delà du REA, l’épandage des lisiers, des fumiers et des composts dans une bande de 75 m de part et d’autre des cours d’eau servant d’alimentation en eau potable (CMQ, 2003). Ainsi, la rivière Lorette, en aval de la prise d’eau de la ville de Québec, et la haute Nelson, située hors de l’Agglomération de Québec, ne sont pas protégées. Le RCI de la MRC La Jacques-Cartier prohibe, pour sa part, les élevages porcins sur fumier liquide; le fumier solide s’infiltrant moins que le fumier liquide dans les sols sableux (MRC La Jacques-Cartier, 2003), les eaux souterraines en sont donc moins affectées (Gérardin et Lachance, 1997)
Le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) a été adopté en 2014. Il remplace le Règlement sur le captage des eaux souterraines. Par ce règlement est mis en place un nouveau régime d’autorisation des prélèvements d’eau. des critères d’assujettissement à une autorisation de prélèvement d’eau, des normes applicables à l’aménagement de certaines installations de prélèvement d’eau et aux systèmes de géothermie, des dispositions encadrant les activités d’exploration et d’exploitation pétrolières et gazières pour assurer la protection de l’eau ainsi qu’un renforcement de la protection des sources destinées à l’alimentation en eau potable (MDDELCC, 2015).
Le Guide sur la valorisation des matières résiduelles fertilisantes a été publié en février 2004 et réédité en novembre 2008. Ce guide sert essentiellement à déterminer si une activité de valorisation des matières résiduelles fertilisantes (MRF) est assujettie à une demande de certificat d’autorisation et à préciser les normes et les critères applicables. Il permet d’encadrer la délivrance des certificats d’autorisation ainsi que des avis de projet relatifs à la valorisation agricole des MRF.
Au Québec, la vente et l’usage des pesticides sont encadrés par la Loi sur les pesticides et, de façon complémentaire, par la Loi sur la qualité de l’environnement. Ces lois et les règlements qui en découlent sont administrés par le ministère du Développement durable, de l’Environnement de la Faune et des Parcs.
En 1986, le Québec s’est doté d’une Politique pour une utilisation rationnelle des pesticides qui accompagnait l’avant-projet de loi sur les pesticides. Sanctionnée en 1987, la Loi sur les pesticides complète au Québec l’encadrement légal du fédéral. La Loi sur les pesticides poursuit deux grands objectifs :
• éviter et atténuer les atteintes à l’environnement et à la santé;
• réduire et rationaliser l’usage des pesticides.
Le contrôle législatif et réglementaire constitue l’un des moyens retenus afin d’assurer les qualifications des intervenants et de fixer des balises aux pratiques. Les dispositions prévues permettent :
• de classer les pesticides;
• d’établir un système de permis et de certificats;
• d’exiger des registres et des bilans de vente et d’utilisation;
• d’exiger des mesures visant à minimiser les atteintes à l’environnement causées par les activités liées à l’entreposage, à la vente et à l’utilisation des pesticides;
• d’imposer des sanctions.
Afin de préciser les modalités d’application de la Loi sur les pesticides, trois règlements sont entrés en vigueur en 1988, soit le Règlement sur les pesticides, le Règlement sur les pesticides en milieu agricole et le Règlement sur les pesticides en milieu forestier. En 1997, le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides entrait en vigueur et donnait force de loi à la plupart des articles de la Loi modifiant la Loi sur les pesticides (MDDELCC, 2014).
Dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles, les zones agricoles occupent 9% du territoire, soient 1 578 ha (Hébert, 2006). En 2003, les activités agricoles génèraient 12,35 millions de dollars de revenus par an et employaient directement 580 personnes occupant des professions propres à l’agriculture, excluant les manœuvres (MAPAQ, 2003). La moyenne d’âge des agriculteurs du bassin est la plus élevée au Québec et on y trouve la plus importante concentration d’agriculteurs à temps partiel. L’activité agricole du bassin est surtout périurbaine, puisque les exploitations bénéficient d’un rapprochement étroit avec la ville, ce qui permet à certains producteurs (tels les producteurs maraîchers) d’écouler rapidement leur production sur le marché local. Toutefois, la nature diversifiée des exploitations dans le bassin amène aussi l’exportation des produits hors de la région.
On compte 68 exploitations agricoles disséminées sur l’ensemble du bassin. En 2006, le territoire en culture était consacré à 70 % aux fourrages et à 14 % aux cultures à interligne étroit (blé, avoine, orge, céréales, sarrasin, seigle, millet, triticale). Les cultures à grand interligne (maïs, légume, pommes de terre, haricots, soya, tabac, lentilles) couvrent quant à elles seulement 9 % des superficies cultivées (Hébert, 2006).
Les 1 999 unités animales présentes dans le bassin versant sont en majeure partie composées de bovins (38 %) et de volailles (38 %), les porcs ne représentant que 9 % du cheptel. Cela représente 1,3 u.a par ha cultivé. L’élevage de volaille pour la chair et les œufs est retrouvé à très forte concentration dans la municipalité de Saint-Gabriel-de-Valcartier, dans le sous-bassin de la rivière Nelson (Hébert, 2006). Depuis le 5 juin 2008, le nouveau règlement permet de garder les oiseaux à l’extérieur dans un espace clôturé (Règlement relatif au confinement d’oiseaux captifs). La très forte concentration d’élevages de même que le manque de sols en culture pour l’épandage du fumier dans la municipalité de Saint-Gabriel-de-Valcartier forcent l’exportation de ce dernier vers d’autres municipalités ou d’autres MRC ayant des terres suffisantes (MENV, 2000). Les autres cultures fourragères ainsi que l’élevage de bovins sont quant à eux situés principalement dans le sous-bassin de la rivière Lorette, dans les secteurs de Sainte-Foy et de L’Ancienne-Lorette (Hébert, 2006).
La figure 5.1.3.1 illustre le potentiel horticole des terres sur l’ensemble du bassin de la rivière Saint-Charles. Ces données proviennent de l’Atlas du cadre écologique de référence du bassin versant de la rivière Saint-Charles et elles ont été évaluées à partir de la typologie et des géotopes. Ainsi, le potentiel horticole exprime globalement la capacité naturelle des sols à supporter ce type de production agricole. À proximité d’un bassin urbain important, l’horticulture est peut-être plus adaptée que la production laitière traditionnelle (Gérardin et al., 1997)
Sur le territoire du bassin versant, on trouve 2 établissements de piscicultures répertoriées par le MAPAQ (Morin, 2009). L’une se situe dans le sous-bassin de la rivière des Hurons (Stoneham), l’autre dans le sous-bassin de la rivière Saint-Charles (Québec). Leur production, constituée d’omble de fontaine, de truite arc-en-ciel, de truite brune et de ouananiche, est annuelle et tournée essentiellement vers l’ensemencement. Le bassin versant héberge également deux étangs de pêche répertoriés par le MAPAQ (Morin et Lamy, 2009). Ils offrent une activité de pêche sportive saisonnière (mai à septembre). Les exploitants s’approvisionnent la plupart du temps auprès des stations piscicoles productrices (Morin, 2007). Le premier étang est formé d’un seul plan d’eau, et possède une superficie de 4 ha. Il est situé sur le bassin versant de la rivière des Hurons. Le second est formé de deux plans d’eau, d’une superficie totale de 1 ha. L’omble de fontaine est pêché dans les deux étangs, tandis que la truite arc-en-ciel est présente dans une seule des deux exploitations.
Le centre d’expertise hydrique du Québec (CEHQ) repère 4 piscicultures supplémentaires sur le territoire, toutes situées dans le bassin versant de la rivière Saint-Charles. Une est située au lac Bastien (municipalité de Lac-Beauport) et les 3 autres aux lacs à Giguère (Québec).
Les terres agricoles couvrent 52% du territoire du bassin versant de la rivière du Cap Rouge, soient 4 583 ha. De cette zone, seulement 3 104 ha (38%) sont actuellement destinées à l’agriculture, puisque l’on compte environ 1 500 ha de boisés et de friches (Gaudette et al., 2010). La zone agricole s’étend principalement au centre du bassin versant, c’est-à-dire à partir du boulevard Wilfrid-Hamel vers l’ouest jusqu’au pied du mont Bélair. Elle englobe une partie des villes de Québec, de Saint-Augustin-de-Desmaures et de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier.
Sur ce territoire, on comptait 62 producteurs agricoles inscrits au MAPAQ en 2008. La plupart de ces terres agricoles côtoient soit la rivière du Cap Rouge, soit un de ses ruisseaux tributaires qui sont particulièrement nombreux dans cette zone. La densité animale sur le bassin versant était quant à elle, toujours en 2008, de 1 577 unités animales (u.a.) au total, soit 0,34 u.a. par ha (Gaudette et al., 2010). Les fourrages et les pâturages (luzerne, mil, brome, trèfle, etc.) comptent pour près de 72 % de la superficie totale cultivée sur le bassin (cultures permanentes), comparativement à 20% pour les cultures annuelles. La nature de ces productions est plutôt diversifiée; on retrouve des éleveurs de vaches laitières et de bovins de boucherie, des acériculteurs ainsi que des producteurs de céréales destinées surtout à l’alimentation des troupeaux. On compte également un bon nombre de fermes horticoles où se cultivent de petits fruits ainsi que des légumes (Gaudette et al., 2010), dont une forte concentration de culture de pomme de terre. Selon les données géomatiques disponibles, 22% du bassin versant de la rivière du Cap Rouge était en culture annuelle en 2009.
Plusieurs problématiques environnementales touchent les rives en aval de la rivière du Cap-Rouge : déboisement, érosion, ravinement, ponceaux et sorties désuètes de drain (Gaudette et al., 2011). Une étude récente, réalisée le long de la rivière dans sa partie agricole, dresse un portrait sommaire de la situation agroenvironnementale du bassin versant (Roche, 2011). Premièrement, la gestion du phosphore constitue une problématique importante dans le bassin versant. Les échantillons prélevés indiquent un dépassement en concentration de phosphore total du critère de qualité de l’eau de surface pour la protection de la vie aquatique. Ce critère vise à limiter la croissance excessive d’algues et de plantes aquatiques dans les cours d’eau. Deuxièmement, les données recueillies indiquent que les concentrations de matières en suspension (MES) dans la rivière augmentent avec la proportion de terres en cultures. Finalement, la présence de coliformes fécaux (E. coli) est aussi une problématique d’importance dans le secteur. La qualité microbiologique des eaux du secteur agricole de la rivière du Cap-Rouge, tel que mesuré à l’automne 2010, n’était pas suffisante pour supporter les usages d’irrigation des cultures et de pratique d’activités récréatives. Pour plus d’information sur la qualité de l’eau en milieu agricole dans ce secteur, voir la section sur la qualité de l’eau dans le bassin de la rivière du Cap Rouge.
Dans le bassin versant de la rivière Beauport, l’activité agricole a perdu beaucoup de son importance depuis les années 1960. Cette perte est attribuable au morcellement du territoire, provoqué par la construction des grands axes routiers Dufferin-Montmorency et Félix-Leclerc, ainsi qu’au changement de vocation subséquent de ville à banlieue. Aujourd’hui, l’exploitation agricole du sol ne représente plus que 3,5% de l’ensemble de l’utilisation du sol, contre 66% pour le milieu urbain (Ville de Québec, 2006).
En raison du faible pourcentage actuel d’occupation du sol par les terres agricoles, peu d’information est disponible sur la situation agroenvironnementale du bassin versant de la rivière Beauport. Néanmoins, le plan directeur d’aménagement de la rivière Beauport soulève que l’ancienne vocation agricole des terres a beaucoup contribué au phénomène de déforestation de la bande riveraine (CVRB, 2006). Les agriculteurs, voulant agrandir la superficie de leurs terres cultivables, coupaient le plus possible la végétation au bord du cours d’eau. Il en a résulté une disparition de la bande riveraine à plusieurs endroits, qui n’est pas réapparue avec l’urbanisation des terres.
En dépit de son cours maintenant très urbain, le ruisseau du Moulin parcourt néanmoins plusieurs terres agricoles toujours en exploitation. Le bassin versant du ruisseau du Moulin comptait 195 ha de son territoire en culture annuelle en 2009, ce qui représentait 11 % du bassin versant. Sur ce territoire, l’ancienne ferme Saint-Michel Archange (SMA), reconnue pour son fromage, a cessé ses activités en 2007, après 114 ans de production. L’avenir du lot agricole a fait l’objet, en 2010, d’une décision rendue par la Commission de protection du territoire agricole du Québec. À la déception de ceux voulant la convertir en jardins communautaires, la décision ordonne l’exclusion du lot de la zone agricole. La terre, d’une superficie de 22 ha devrait éventuellement accueillir un centre de recherche sur le cerveau humain et des activités connexes qui lui sont associées (CPTAQ, 2010). Par conséquent, la superficie totale des terres agricoles sur le bassin devrait donc diminuer pour atteindre 173 ha.
Une étude de caractérisation du ruisseau suggère que la qualité de l’eau du ruisseau du Moulin pourrait se voir influencée par l’activité agricole (CAGEQ, 2009). En bordure du cours d’eau, la plupart des bandes riveraines sont recouvertes par des herbacées ou des arbustes sur trois mètres de largeur avant de faire place aux pâturages et aux cultures de plantes fourragères. Cette distance respecte la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables en milieu agricole (MDDEP, 2007). À quelques endroits, comme sur la longueur comprise entre les avenues Saint-Samuel et Bourg-Royal, les berges du cours d’eau sont enrochées sur pratiquement tout leur parcours. La qualité des habitats aquatique est quant à elle moyenne ; le cours d’eau se caractérise par une petite quantité d’abris et de substrats favorables aux organismes benthiques et par l’absence de variations dans les types de courant, en raison du faible nombre de seuils présents. Par contre, il semblerait y avoir plusieurs fosses. Les fossés tributaires de drainage agricole sont presque tous intermittents, à l’exception de celui près de la rue du Vignoble. Ce dernier a une qualité de bande riveraine très faible, en raison de la présence de champs en culture. On note la présence de plusieurs ponceaux servant à faire circuler la machinerie agricole, dont certains sont en très mauvais état.
La qualité de l’eau dépasse les critères établis pour la turbidité, les matières en suspensions, les coliformes fécaux, la dureté et la quantité de phosphore total.
Historiquement, le bassin du lac Saint-Augustin a été pendant plusieurs décennies le siège d’une importante activité agricole. Elle reste encore très présente de nos jours, malgré l’urbanisation du territoire. En 2002, on comptait neuf exploitations agricoles, totalisant moins de 100 unités animales et environ 280 hectares en culture ou en pâturage. En termes d’affectation agricole des sols, cela représente 23% de la superficie du bassin versant du lac et de sa décharge (Pilote et al., 2002).
Ces exploitations se concentrent dans la portion nord-ouest du bassin du lac et de sa décharge, et, plus spécifiquement, on retrouve une proportion de 43,6% des terres cultivées dans le sous-bassin de la décharge. Les fourrages constituent la principale culture avec 72,1% de la superficie. La superficie restante est occupée par des pâturages et la production de grains pour le bétail. Selon la cartographie des possibilités agricoles (de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)), les sols de cette zone sont pour la majorité de classes 2 ou 3. Cela veut dire qu’ils permettent une exploitation avec limitations de cultures mineures ou modérément graves. Le rendement que l’on peut en tirer est donc faible, et s’explique par le relief défavorable, l’excès d’humidité ou l’accumulation de restrictions mineures.
En ce qui a trait au cheptel présent sur le territoire, il s’estimait, en 2002, à 0,288 unité animale (u.a) par hectare. La densité sur le sous-bassin du lac est de 0,016 u.a par hectare, tandis que celle du sous-bassin de la décharge est de 0,648 u.a. par hectare. Il est principalement composé de bovins laitiers (Pilote et al., 2002). Nous sommes présentement en attente de données plus récentes pour actualiser le portrait agricole de ce bassin versant.
Un portrait agroenvironnemental, réalisé par Pilote et al. (2002), affirmait que l’agriculture ne constituait pas une source importante de pollution ou de détérioration de l’environnement aquatique du bassin versant du lac. Le niveau de risque pour la qualité de l’eau serait faible à la fois pour la pollution localisée à l’azote et au phosphore, pour la pollution diffuse à l’azote et pour la pollution au pesticides. Toutefois, en 2009, la Ville de Québec a réalisé une étude sur la qualité de l’eau du lac Saint-Augustin et de ses tributaires. Lors de cette étude, les concentrations en phosphore dissous ainsi que l’azote ammoniacal ont été mesurés dans les tributaires situés sur le côté nord du lac afin d’évaluer la possibilité d’une contamination par le lisier. Les résultats révèlent que certains tributaires présentent des concentrations de phosphore correspondant à deux fois le critère retenu par le MDDELCC (0,02 mg/l) pour le phosphore dissous, ainsi que la présence d’azote ammoniacal, qui peut suggérer une pollution par un épandage récent, puisqu’il ne demeure pas sous cette forme très longtemps (Martineau, 2009.)
L’étude de Pilote de 2002 révèle que l’utilisation des fertilisants est répandue sur 132,9 ha, soit sur 60,6% des superficies recensées (Pilote et al., 2002). La majorité de cette fertilisation (92,9%) a lieu dans le sous-bassin de la décharge, et les charges fertilisantes appliquées sont négligeables lorsque reportées sur la superficie totale des terres en culture et en pâturage. Le moment et la fréquence d’application des fertilisants dépendent du type de culture des champs. Les auteurs soulèvent que le recours aux produits pesticides (herbicides, insecticides, acaricides) est peu répandu dans le bassin versant, en raison du type de culture dominant, les fourrages. Finalement, l’érosion et la compaction des sols ne semblent pas être importantes non plus dans le bassin puisqu’aucun signe de ces phénomènes n’a été recensé sur les sites à l’étude (Pilote et al., 2002). Toutefois, selon la méthodologie présentée dans l’étude, les résultats ont été récoltés à l’aide d’un questionnaire aux agriculteurs et n’ont pas été supportés par des visites sur le terrain. Notons que les signes d’érosion et de compaction peuvent être saisonniers et variable en fonction du calendrier cultural.
Soulignons enfin que l’étude de Pilote sur la situation agroenvironnementale dans le bassin du lac Saint-Augustin date de plusieurs années (2002). Il serait intéressant d’avoir un nouveau portrait de la situation agroenvironnementale, combiné à des analyses de qualité de l’eau, afin de valider que les conclusions sur l’évaluation du risque pour la qualité de l’eau sont toujours valides.
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Mis à jour le 27 août 2015