La colonisation du pourtour du lac Saint-Augustin débute avec la fondation de la seigneurie de Maur, attribuée à Juschereau de Maur en 1650. La colonisation du territoire connaît des débuts plutôt lents en raison des attaques régulières des Iroquois (Paulette, 1991).
L’utilisation du lac et de ses cours d’eau par les premiers colons commence dès 1671. Un premier moulin banal est construit à la décharge du lac Saint-Augustin par le seigneur Jean Juschereau de La Ferté, fils du premier seigneur. Le bâtiment tombe hors de service en 1737. Les religieuses de l’Hôtel-Dieu, qui avaient acquis la seigneurie quelques années plus tôt, font élever un nouveau moulin, que les Anglais détruisent en 1760. Le gros moulin à deux roues avait besoin pour fonctionner d’un volume d’eau que le lac ne parvenait pas toujours à fournir. En 1748, les religieuses entreprennent donc de relier par un grand canal la rivière du Cap Rouge au lac Saint-Augustin afin d’alimenter le moulin. La construction d’une chaussée ou barrage de plus de 100 m de longueur et de 3,5 m de hauteur est entrepris pour retenir les eaux de la rivière, puis le creusage d’un canal de dérivation de 36 arpents (environ 2 km) en direction du lac. Cette opération a pour effet d’inonder les terres de plusieurs censitaires, qui protestent. Le dernier moulin est construit en 1762. C’était à cette époque l’un des plus grands moulins au pays. Il passe alors deux fois de mains avant d’être finalement détruit par la foudre à l’été de 1884 (Paulette, 1991).
Dès 1751, le chemin du Roy est construit sur la seigneurie. Il traverse le domaine d’est en ouest, amenant dans son sillon le tracé d’un autre chemin servant à le relier à la décharge du lac et au moulin. À cette époque, les censitaires vivent essentiellement du travail de la terre. L’étalement du peuplement se fait le long des cours d’eau et les concessions favorisent la dispersion.
Au milieu du 19e siècle, le lac est utilisé notamment pour la baignade par des enfants de l’Académie William Gale. Outre la mauvaise réputation donnée au lac par l’écrivain James MacPherson LeMoine dans son Album du Tourisme en 1872, on y apprend que le lac est peu poissonneux et que l’on n’y prend que de la perchaude (Paulette, 1991).
“Saint-Augustin est célèbre pour son beau, mais dangereux lac Calvaire. Les nageurs qui quittent sa surface, rarement, dit-on, y reviennent vivants. Sont-ce les longues algues marines, nommées chevelures de noyés, qui leur enlacent les membres et rendent la natation impossible, ou autres causes? On ne le sait. Le lac Calvaire, comme la Mer Morte, est un sujet d’effroi aux jeunes nageurs. Peu poissonneux, on y prend que de la perchaude“. – James MacPherson dans Album du Tourisme, 1872
Ainsi, le lac Calvaire fut l’un des noms donnés au lac Saint-Augustin à travers les siècles. Il s’est aussi fait appeler le Petit Lac, le lac Demaure, le lac du Moulin ou encore le lac à Morand.
Historiquement, l’élevage et l’agriculture ont été des activités d’une très grande importance autour du lac Saint-Augustin. De la fin du XVIIIe siècle, jusqu’au milieu du XXe siècle, ces activités sont les plus importantes du bassin versant. Des photos d’époque montrent la présence de grands vergers sur les berges du lac. Le paysage garde son caractère rural et agricole jusque dans les années 1970. Par après, l’urbanisation atteignant les berges du lac Saint-Augustin et le bord du Saint-Laurent, de nombreux villégiateurs y font construire des chalets ou des résidences secondaires. La construction de l’autoroute Félix-Leclerc, en 1977, facilite les déplacements entre la banlieue et la ville de Québec. Elle contribue à l’augmentation importante de l’urbanisation dans le secteur. Depuis, les résidences secondaires sont devenues permanentes, et la population locale a augmenté de façon substantielle.
Bien que le lac Saint-Augustin ne possède pas de plage publique, le lac est utilisé pour la baignade et autres activités sportives par les résidents, malgré des problèmes fréquents de contamination, notamment aux coliformes fécaux. Jusqu’en 1989, la plupart des secteurs habités autour du lac ne bénéficiaient d’aucun service municipal d’égout et d’aqueduc.
PAULETTE, C., 1991. À l’aube d’un quatrième siècle : Saint-Augustin 1691-1991. Municipalité de Saint-Augustin-de-Desmaures. Québec, 135 pages.
ROBERGE, K., R. Pienitz, N. Juneau et S. Arsenault. 2002. Eutrophisation rapide du lac Saint-Augustin : étude paléolimnologique. Travail présenté au Comité de restauration du lac Saint-Augustin, La grande corvée. Réalisé par EXXEP environnement. 20 pages + 4 Annexes.
Mis à jour le 11 février 2014