Jadis considérée comme le cœur de Beauport, la rivière Beauport a connu de nombreux changements dans l’occupation de son bassin versant depuis le début de la colonisation. Trois phases majeures se distinguent dans l’évolution du paysage et des usages : l’établissement des colons, l’industrialisation et l’urbanisation (Société d’art et d’histoire de Beauport, 2011).
En 1634, la seigneurie de Beauport est attribuée au chirurgien et apothicaire Robert Giffard. Le seigneur installe son domaine à l’embouchure de la rivière, des deux côtés, jusqu’à la rivière des écailles. Le bourg de Fargy (Beauport) est créé sur les terres non loin de la rive est de la rivière. On note aussi l’apparition, plus au sud, d’une terre communale servant au pâturage. La colonisation est lente, mais dès 1660 toutes les terres qui donnent sur le fleuve sont attribuées. L’agriculture et l’élevage sont les principales activités de la seigneurie. Les terres permettaient la culture de diverses céréales, dont principalement le blé. À cette époque, Beauport est déjà reconnue comme une entité villageoise à part entière (Côté, 1999).
Entre 1634 et 1854, sous le régime seigneurial, la rivière Beauport devient le site de construction et d’opération de nombreux moulins hydrauliques. Ces derniers servent à moudre les grains des habitants de la seigneurie. Quatre moulins à eau voient le jour (Société d’art et d’histoire de Beauport, 2011). Le premier moulin est construit en 1637, près du bourg Fargy. On en construit un second sur les rives de la rivière en 1659. Le troisième moulin est construit en 1785 sur la rive ouest de la rivière. Finalement, un quatrième moulin naît plus au nord, sur la rive est. Il est utilisé jusqu’à l’abolition du régime seigneurial, puis est par la suite transformé en moulin à huile de lin, en manufacture d’allumettes, et en fabrique de carton-cuir. Il est finalement acquis par un laitier en 1912 (Côté, 1999). Sur la carte ci-contre, datant de 1867, on peut voir que les berges de la rivière Beauport sont occupées par de nombreuses carrières (quarry) et plusieurs moulins (mill).
Vers la fin du XVIIIe siècle, l’industrialisation s’amorce et l’attrait de la rivière est important pour certaines industries consommatrices d’eau. C’est ainsi qu’en 1792, une distillerie-brasserie est construite à l’embouchure de la rivière. En 1896 la Compagnie de brasserie de Beauport s’installe sur la rive droite de la rivière Beauport. En 1900 elle produit 25 000 barils de bière par année, mais cède ses opérations en 1911 (Légaré et Labrecque, 2007). D’autres types d’industries se sont par la suite succédées afin d’exploiter la force motrice de l’eau et les facilités qu’elle offre pour le transport des marchandises par bateaux. On délaisse la culture du blé pour privilégier la culture maraîchère afin d’aller les vendre dans les marchés de Québec. De petits vergers de pommes et de prunes agrémentent le paysage. La plupart des maisons et des fermes sont faites de pierres sédimentaires que l’on retrouve le long de la rivière. La richesse du sous-sol permet l’ouverture de carrières et de fours à chaux sur l’ensemble du territoire. On y retrouve de la roche calcaire et des gisements de part et d’autre de la rivière (Côté, 1999). La carrière Parent est déjà en exploitation à cette époque. Cette carrière (maintenant Unibéton) fait encore aujourd’hui partie intégrante du paysage de la rivière Beauport (CVRB et Ville de Québec, 2005).
Dès la fin du XIXe siècle, la compagnie de chemin de fer Montmorency & Charlevoix Railway inaugure une voie entre Hedleyville (Limoilou) et Saint-Anne-de-Beaupré. Une gare est construite à l’embouchure de la rivière. Le chemin de fer facilite l’accès à Beauport et lui permet de devenir un milieu de villégiature sans pareil. C’est le début d’un lien de dépendance entre la banlieue et la ville de Québec. On voit les familles bourgeoises de Québec y construire des résidences secondaires. La naissance du quartier Everell au bord du fleuve illustre bien la nature de cette période de développement (Société d’art et d’histoire de Beauport, 2011). La construction du boulevard Sainte-Anne en 1940 met fin à ce phénomène, en coupant l’accès au fleuve. Plus au nord, l’agriculture prédomine jusque dans les années 1950 où le caractère de ville de banlieue se confirme suite à l’explosion démographique de l’après-guerre. On retrouve encore aujourd’hui quelques fermes qui témoignent de l’ancienne vocation agricole de Beauport (CVRB et Ville de Québec, 2005).
Finalement, la construction des autoroutes Dufferin-Montmorency et Félix-Leclerc dans les années 1970 vient morceler le territoire de Beauport et engendre une dynamique de développement sans précédent (CVRB et Ville de Québec, 2005). L’urbanisation ne cesse de prendre de l’ampleur au cours du XXe siècle, et la rivière Beauport est fortement marquée par la présence des activités humaines le long de son parcours et sur son bassin versant. Routes, autoroutes et quartiers résidentiels et commerciaux se succèdent pour marquer le paysage et affecter la qualité de la rivière et de ses berges.
BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA : http://collectionscanada.gc.ca
COMITÉ DE VALORISATION DE LA RIVIÈRE BEAUPORT (CVRB) et VILLE DE QUÉBEC. 2005. Visite du bassin versant de la rivière Beauport. Québec, 23 pages.
COMMISSION DES BIENS CULTURELS DU QUÉBEC, 2005. Étude de caractérisation de l’arrondissement historique de Beauport. 56 pages.
CÔTÉ, L., 1999. Beauport : au cœur du vieux bourg. 2e éd. Ville de Beauport. Québec, 20 pages.
LÉGARÉ, D. ET LABRECQUE, P., 2007. Histoire de raconter : Le quartier Giffard. Arrondissement de Beauport. Brochure. Québec, 38 pages.
SOCIÉTÉ D’ART ET D’HISTOIRE DE BEAUPORT. 2011. La vie au petit village. Quartier Giffard, arrondissement de Beauport. En ligne: http://www.sahb.ca/visabeauport/circ2007_4_16sept.html. Consulté le 12 juillet 2011.
Mis à jour le 11 février 2015