Les espèces fauniques subissent de nombreuses pressions. Les perturbations, détériorations ou pertes d’habitats les affectent de façon importante.
Le terme « habitat » décrit l’environnement où habitent les espèces fauniques. Ils sont très diversifiés et répondent aux principaux besoins de la faune qui les fréquentent. En effet, toutes les conditions requises pour que les espèces puissent y prospérer s’y trouvent : le climat, l’eau, la nourriture et les abris. On distingue plusieurs types d’habitats mais, la plupart du temps, ces milieux sont interreliés et la perturbation de l’un peut avoir des répercussions sur l’autre.
Les milieux aquatiques comprennent les écosystèmes marins, estuariens, fluviaux et lacustres. Le territoire couvert par les bassins versants de la région est toutefois davantage concerné par les lacs, les rivières et les ruisseaux, qui regorgent d’une grande variété d’espèces fauniques et floristiques. Les milieux aquatiques sont étroitement liés aux milieux riverains.
Selon la Politique de protection des rives du littoral et des plaines inondables, le milieu riverain (rive) se définit comme étant la bande de terre qui borde les lacs et les cours d’eau et qui s’étend vers l’intérieur des terres à partir de la ligne des hautes eaux sur une largeur de 15m ou 10m (selon la pente du terrain).
Outre le rôle important qu’ils jouent dans le maintien de la qualité de l’eau, les milieux riverains sont riches d’une importante biodiversité. De nombreuses espèces animales profitent en effet de ces zones de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre.
Un milieu forestier consiste en une étendue boisée, relativement dense, constituée d’un ou plusieurs peuplements d’arbres et d’espèces associées. Les milieux forestiers sont des milieux de vie pour un grand nombre d’espèces animales, et particulièrement importants pour les oiseaux et les mammifères qui dépendent en grande partie du milieu forestier comme source de nourriture, d’eau, et abri.
Les milieux ouverts comprennent les milieux urbains et les milieux agricoles. Compte tenu du taux d’urbanisation des bassins versants de la Capitale, ils représentent ici une portion plus importante du territoire que pour l’ensemble du Québec. Les zones urbanisées et agricoles abritent quelques espèces qui ont réussi à s’adapter et à trouver la nourriture nécessaire à leur survie. Le pigeon, l’écureuil gris et la mouffette en sont quelques exemples.
On parle de détérioration lorsque l’habitat est affecté par une modification de ses caractéristiques sans qu’il y ait pour autant diminution de la superficie. La modification de la vitesse d’écoulement dans un cours d’eau pourrait, par exemple, rendre une frayère inutilisable pour certaines espèces. On parle de perte lorsque l’activité affecte la superficie de l’habitat. Un remblayage dans l’habitat du poisson serait un exemple de perte (MRNFP, 2004).
La détérioration, la perte et la fragmentation des habitats sont des phénomènes qui sont souvent corrélés. Ils peuvent notamment être causée par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture, l’exploitation minière ou encore les changements climatiques.
Une perte d’habitat provoquera une diminution de la diversité spécifique et un changement dans la composition des communautés. Les espèces les plus sensibles sont les premières qui seront affectées par la perturbation.
Bassin versant | Localisation spécifique | Description du problème | Statut |
---|---|---|---|
Saint-Charles | Lac Saint-Charles | Forte dénaturalisation des berges, plus de 50% dans le bassin sud. | Existant |
Lac Delage | Les rives du lac sont assez artificialisées et comprennent un fort pourcentage de recouvrement par des matériaux inertes. | Existant | |
Lac Beauport | Les berges du lac ont toutes subi l’action de l’humain et rares sont les espaces encore à l’état naturel. | Existant | |
Lac Clément | Une partie des berges est artificialisée. | Existant | |
Rivière des Hurons | 35 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 7 % d’entre elles. | Existant | |
Rivière Noire | 42 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 9 % des berges. | Existant | |
Rivière Hibou | 46 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 7 % des berges. | Existant | |
Rivière Jaune | 46 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 10 % d’entre elles. | Existant | |
Ruisseau du Valet | 32 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 8 % d’entre elles. | Existant | |
Rivière Nelson | 32 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 8 % d’entre elles. | Existant | |
Rivière du Berger | 63 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 35 % d’entre elles. | Existant | |
Rivière Lorette | 73 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 21 % d’entre elles. | Existant | |
Rivière Saint-Charles | 27 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et des murets ou remblais ont été relevés sur 4 % d’entre elles. | Existant | |
Cap Rouge | Rivière du Cap Rouge | Perte de milieux forestiers au profit de l’agriculture et de l’urbanisation.Diminution de la qualité et de la richesse de l’habitat du poisson. | Existant |
Beauport | Rivière Beauport | Canalisation importante des tributaires. | Existant |
Saint-Augustin | Lac Saint-Augustin | En 2002, le lac comptait 64% de rives naturelles et 36% de rives anthropiques. | Existant |
Du Moulin | Ruisseau du Moulin | 49% des rives présentent un indice de qualité des bandes riveraines faible ou très faible et environ la moitié de son parcours est canalisé. | Existant |
Bordure du Fleuve | Bordure du Fleuve | Fortes perturbations et pressions sur le milieu riverain. | Existant |
Ensemble du territoire | Plusieurs lacs et cours d’eau | Il y a de nombreux lacs et cours d’eau sur le territoire pour lesquels il n’y a pas d’information disponible, ou pour lesquels l’information est désuète ou incomplète. | À documenter |
La caractérisation des bandes riveraines réalisée en 2007 (APEL, 2009) a révélé une forte dénaturalisation, particulièrement dans le bassin sud où plus de 50% des rives sont recouvertes de végétation ornementale ou de matériaux inertes. L’occupation du sol par la végétation naturelle est plus importante pour le bassin nord, mais les rives présentent un plus important pourcentage de matériaux inertes (11%) que le bassin sud. De manière générale, les segments de bande riveraine présentant le moins de végétation naturelle sont les plus habités. Dans ces zones, des bâtiments sont fréquemment observés à l’intérieur de la bande riveraine de 15 m, et les rives sont souvent dégradées par des murets et des enrochements artificiels (APEL, 2009). Toutefois, depuis cette caractérisation, un règlement de renaturalisation des rives du lac Saint-Charles a été mis en application par la Ville de Québec et la municipalité des Cantons unis de Stoneham-et-Tewkesbury. Il est donc probable que le portrait ait changé depuis, dans les 15 premiers mètres de la rive. Une nouvelle diagnose du lac a été réalisée en 2012. Les résultats de cette étude ne sont pas encore disponibles.
Tableau 2.3.1: Occupation du sol dans la bande riveraine du lac Saint-Charles (APEL, 2009)
L’urbanisation et l’appropriation des rives par l’humain ont entraîné une artificialisation des berges.
Les milieux riverains à l’état naturel sont des écotones qui abritent un grand nombre d’espèces végétales et animales. Outre les effets bénéfiques sur la qualité de l’eau, les berges jouent un rôle de corridor biologique, c’est-à-dire qu’elles permettent la migration des individus et la connectivité entre plusieurs sous-populations (Beier et Noss, 1998).
Parmi les éléments contribuant à dégrader le caractère naturel de la rive on compte l’enrochement, l’utilisation de gabions, la construction de murs et murets, le remblai, l’aménagement de diverses structures telles que des quais, abris à bateau, bâtiments ou voies de circulation, le recouvrement par la pelouse ou encore le sol mis à nu (RAPPEL, 2012).
L’artificialisation des rives a des impacts négatifs sur l’équilibre écologique d’un plan d’eau. Elle entrave les échanges entre les milieux terrestres et aquatiques, contribue à réchauffer les plans d’eau et dans certains cas augmente la vulnérabilité à l’érosion. Tous ces éléments peuvent entraîner le vieillissement prématuré d’un plan d’eau. En outre, le recouvrement des berges par des matériaux inertes (béton, bois, pierre) interdit toute colonisation des berges par la végétation riparienne, empêchant ainsi amphibiens, poissons, oiseaux et mammifères de s’installer ou de se nourrir. Il en résulte donc une perte nette d’habitats.
Sur environ 75 % du pourtour du lac, les cinq premiers mètres de la rive sont couverts d’une végétation naturelle, ce qui est très certainement bénéfique pour le lac et les habitats riverains. Par contre, l’aménagement de la bande 5-15m est plus artificialisé et comporte, dans près de la moitié des cas, de la végétation ornementale ou des matériaux inertes (APEL, 2009). La Ville de Lac-Delage a fait réaliser une autre diagnose du lac en 2012. Nous n’avons pas encore obtenu les résultats de cette étude.
Occupation du sol | Bande 0-5 m (2007) | Bande 5-15 m (2007) |
---|---|---|
Végétation naturelle | 74,3 % | 53,7 % |
Végétation ornementale | 21,8 % | 29,6 % |
Matériaux inertes | 4,9 % | 16,7 % |
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Au cours de l’été 2006, le Conseil de bassin de la rivière Saint-Charles a réalisé une caractérisation des berges du lac Beauport. Cette caractérisation a démontré que les rives du lac sont fortement urbanisées. En effet, en 2006, 63 % du périmètre du lac était composé d’aménagements situés directement sur la berge ou surplombant le rivage, comme les hangars à bateau ou les quais. Ce pourcentage inclut les plages privées (18,5 %), car celles-ci empêchent toute végétation de s’établir aux abords du lac. Les infrastructures (résidences, hangars à bateau, quai, remblai de bois, mur de soutènement, etc.) représentaient 44,5 % de la totalité des bandes riveraines.
Composition des rives | Proportion | Longueur de rive |
---|---|---|
Forêt | 14,9 % | 774 m |
Arbustes | 9,3 % | 486 m |
Herbacées | 0,3 % | 16 m |
Pelouse | 12,2 % | 634 m |
Sol nu | 18,5 % | 962 m |
Socle rocheux | 0,3 % | 13 m |
Infrastructures | 44,5% | 2315 m |
Total | 100 % | 5200 m |
Il faut toutefois apporter une nuance à ces données puisque le Règlement sur la restauration des rives dégradées, décapées ou artificielles a été adopté en 2007. Ce règlement vise la restauration graduelle des rives dégradées, décapées ou artificielles sur une profondeur de cinq mètres ou, lorsque la pente de la rive est supérieure à 30 %, de sept mètres et demie pour les lacs Beauport, Bleu et Tourbillon. Une diagnose du lac Beauport a été réalisée en 2013, mais les résultats ne sont pas encore disponibles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Le lac Clément est habité sur l’ensemble de son pourtour. Selon la caractérisation réalisée par l’APEL en 2007, la rive de 0-5 m est encore majoritairement naturelle mais les matériaux inertes et la végétation ornementale, surtout du gazon, recouvrent une partie significative de la superficie. La bande de 5-15 m est couverte en majorité par de la végétation ornementale et des matériaux inertes (APEL, 2009). Les résultats obtenus lors de la diagnose de 2012 semblent démontrer une amélioration. On y a observé, dans la bande de 15 mètres, 68 % de végétation naturelle, 25 % de végétation ornementale et 7 % de matériaux inertes, ce qui constitue une amélioration significative de la qualité du milieu riverain.
Occupation du sol | Bande 0-5 m (2007) | Bande 5-15 m (2007) | Bande 0-15 m (2012) |
---|---|---|---|
Végétation naturelle | 58,6 % | 44,8 % | 68,2 % |
Végétation ornementale | 33,4 % | 43,4 % | 25,0 % |
Matériaux inertes | 8,0 % | 11,8 % | 6,8 % |
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière des Hurons réalisée par l’APEL en 2007 montre que 35 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 7 % d’entre elles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière Noire réalisée par l’APEL en 2007 montre que 42 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 9 % des berges.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière Hibou réalisée par l’APEL en 2007 montre que 46 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 7 % des berges.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière Jaune réalisée par l’APEL en 2007 montre que 46 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 10 % d’entre elles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges du ruisseau du Valet réalisée par l’APEL en 2007 montre que 32 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 8 % d’entre elles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière Nelson réalisée par l’APEL en 2007 montre que 32 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 8 % d’entre elles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière du Berger a été faite par le Conseil de bassin de la rivière Saint-Charles en 2009. Les résultats montrent que 63 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 35 % d’entre elles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la rivière Lorette a été faite par le Conseil de bassin de la rivière Saint-Charles en 2009. Les résultats montrent que 73 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 21 % d’entre elles.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
La caractérisation des berges de la haute Saint-Charles réalisée par l’APEL en 2007 montre que 27 % des rives comprennent moins de 80 % de végétation naturelle et que des murets ou remblais ont été relevés sur 4 % d’entre elles. La dernière caractérisation des berges de la moyenne et de la basse Saint-Charles remonte à 2004 et a été faite par le Conseil de bassin de la rivière Saint-Charles avec un protocole différent.
Les causes sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Les effets sont les mêmes pour tous les lacs et cours d’eau touchés par l’artificialisation des rives dans le bassin de la rivière Saint-Charles.
Dans la zone agricole, la majeure partie des forêts a fait place à des superficies de champs cultivés. De même, les ensembles forestiers ont presque entièrement disparu du paysage riverain. Dans le bassin versant de la rivière du Cap Rouge, 85 km de cours d’eau se situent en milieu agricole, dont 52 km présentent des rives non boisées (soit 61 %). En milieu urbain, la mise en place de parcs municipaux a permis de préserver le couvert végétal des bandes riveraines. Toutefois, certains segments de la rivière sont dénudés de végétation. La dégradation des bandes riveraines et la présence de boisés en régénération et de jeunes peuplements portent à croire que des habitats terrestres se sont dégradés ou ont régressé depuis l’urbanisation et la venue des terres agricoles dans le bassin versant. Cependant, le sujet doit être mieux documenté pour pouvoir affirmer qu’il y a eu perte d’habitats (Trépanier, 2011).
En ce qui concerne les habitats aquatiques, les pêches scientifiques réalisées dans le bassin de la rivière du Cap Rouge ont permis de constater une forte présence d’espèces pouvant s’adapter à diverses conditions du milieu, tels le meunier noir ou le mulet à corne (Roche, 2010 – Turmel, 2012). Le meunier noir, par exemple, possède une capacité d’adaptation qui lui permet de survivre dans des conditions moins favorables, notamment une eau de mauvaise qualité, que d’autres espèces ne pourraient tolérer (Pêches et Océans Canada, 2010). Sa présence n’est donc généralement pas un signe d’habitats de grande qualité.
L’urbanisation et le développement de l’agriculture dans le bassin versant de la rivière du Cap Rouge sont les causes majeures de la perte de superficies boisées et de la dégradation des rives.
Du côté du milieu aquatique, les chlorures et les contaminants du réseau routier qui sont transportés vers le réseau hydrique contribuent à diminuer la qualité et la richesse de l’habitat du poisson. De même, les modifications du régime hydrologique et l’augmentation du transport sédimentaire causées par les activités agricoles et l’étalement urbain (absence de bande riveraine, présence de ponceaux et traverses, redressements, imperméabilisation des surfaces) peuvent modifier la géométrie, la nature et la qualité du substrat ainsi que les conditions hydrodynamiques de la rivière. Ces modifications peuvent notamment affecter les frayères utilisées par la faune ichthyenne (ROCHE, 2010).
Le milieu riverain constitue un habitat pour la faune terrestre, aquatique et aviaire. La dégradation ou la disparition des bandes riveraines représente donc potentiellement une perte d’habitats fauniques, terrestres ou aquatiques.
De même, l’imperméabilisation des sols accentue les crues et les étiages de la rivière, entrainant ainsi l’érosion des berges et une diminution de la qualité et de la quantité d’habitats disponibles en période d’étiage. En milieu agricole les habitats sont menacés par les apports de nutriments et de MES provenant de l’érosion des rives et par l’augmentation de la température de l’eau, résultats d’un faible recouvrement des berges par la végétation (Roche, 2010).
En outre, les principaux effets d’une augmentation de la charge sédimentaire sur la qualité de l’habitat sont:
Par le passé, on comptait une quinzaine de tributaires pour la rivière Beauport. Aujourd’hui, seulement sept de ceux-ci ont conservé un aspect plus naturel, alors que les autres présentent des portions importantes qui sont canalisées, notamment à l’embouchure. L’amont des ruisseaux est habituellement épargné puisqu’il ne se retrouve pas dans les secteurs urbanisés du bassin versant.
Que ce soit en raison d’un tracé qui gêne le développement d’un quartier ou la construction d’un centre commercial, ou encore pour des raisons de salubrité puisque de nombreux cours d’eau ont été longtemps utilisés comme égouts à ciel ouvert, l’urbanisation a entrainé de nombreux projets de canalisation des cours d’eau.
La canalisation de cours d’eau dans le bassin de la rivière Beauport a entrainé une perte de contact entre la population et l’eau. De même, les rives d’un cours d’eau jouent un rôle primordial dans l’équilibre écosystémique et contribuent de façon importante au maintien de la qualité de l’eau. La canalisation de ces ruisseaux a donc entraîné une perte importante de biodiversité et, possiblement, une dégradation de la qualité de l’eau de la rivière Beauport.
Autour du lac Saint-Augustin, en 2002, 64 % des rives étaient à l’état naturel, alors que 36 % des rives étaient anthropiques. En ce qui concerne les ouvrages en rives, 24 % de celles-ci sont enrochées, alors qu’on retrouve des murets sur 19 % d’entre elles (Lapierre et Harvey, 2002). Il est toutefois important de noter que depuis cette caractérisation, des mesures ont été prises, notamment par la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, pour revégétaliser la bande riveraine (Saint-Augustin-de-Desmaures, 2012). Nous n’avons pas de caractérisation plus récente pour évaluer l’impact de ces mesures.
L’urbanisation et l’appropriation des rives par l’humain ont entrainé une artificialisation des berges du lac Saint-Augustin.
L’artificialisation des rives a des impacts négatifs sur l’équilibre écologique d’un plan d’eau. Elle entrave les échanges entre les milieux terrestres et aquatiques, contribue à réchauffer les plans d’eau et dans certains cas augmente la vulnérabilité à l’érosion. Tous ces éléments peuvent entraîner le vieillissement prématuré d’un plan d’eau et on sait que le lac Saint-Augustin est à un stade avancé de vieillissement. En outre, le recouvrement des berges par des matériaux inertes (béton, bois, pierre) interdit toute colonisation des berges par la végétation riparienne, empêchant ainsi amphibiens, poissons, oiseaux et mammifères de s’installer ou de se nourrir. Il en résulte donc une perte nette d’habitats.
Les résultats de la caractérisation réalisée en 2009 par la CAGEQ montrent que seulement 10 % des berges évaluées présentent un excellent indice, alors que 49 % présentent une cote de faible ou très faible. En outre, on retrouve de nombreuses sections canalisées tout le long du parcours du ruisseau du Moulin. Au total, environ la moitié de la longueur du cours d’eau est canalisée.
La majeure partie des berges ayant reçu un indice de très faible qualité se situe dans la zone agricole. On retrouve souvent dans ces secteurs des sols à nu ou en culture. En ce qui concerne la canalisation, elle s’est faite au profit du développement urbain. Il est facile de voir sur la carte que les sections canalisées passent sous des infrastructures urbaines (routes, quartiers résidentiels, centre commercial et hôpital).
La canalisation de tronçons importants du ruisseau du moulin a entraîné une perte de contact entre la population et l’eau. De même, comme les rives d’un cours d’eau jouent un rôle important dans l’équilibre écosystémique et contribuent au maintien de la qualité de l’eau, la canalisation a entraîné une perte de biodiversité et, possiblement, une dégradation de la qualité de l’eau du ruisseau du Moulin. Il n’est toutefois pas possible de mesurer quantitativement cet effet.
Le milieu riverain du fleuve Saint-Laurent est fortement perturbé par les utilisations résidentielle, commerciale et industrielle du territoire. Peu d’endroits sont encore à l’état naturel ou peu perturbés et ceux-ci sont soumis à des pressions importantes de développement (Argus, 2001).
On estime que plus de 400 ha ont été remblayés lors d’agrandissements du port de Québec, et lors de la construction du boulevard Champlain et de l’autoroute Dufferin-Montmorency. Les perturbations par remblayage les plus importantes sont localisées dans le secteur de la baie de Beauport. On estime en outre que plus de 25 km de berges ont été artificialisés entre les secteurs de Sainte-Foy et Beauport, suite à divers travaux (Argus 2001).
Le remblayage de grandes superficies de même que l’artificialisation des berges a entraîné des pertes importantes d’habitats aquatiques et riverains. Les pertes sont sans doute encore plus importantes dans le secteur de la baie de Beauport, reconnue pour la présence de nombreuses espèces d’oiseaux dont la grande oie des neiges, le canard noir, le faucon pèlerin, le hibou des marais et le pluvier siffleur qui utilisent le site comme aire d’alimentation et de repos (Nature Québec, 2012).
APEL. 2009. Étude limnologique du haut-bassin de la rivière Saint-Charles, rapport final. Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord, Québec, 354 pages.
APEL. 2011. Suivi des rivières du haut-bassin de la rivière Saint-Charles – Campagne 2010, Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord, Québec, 38 pages + 1 annexe.
APEL. 2012. Suivi des rivières du bassin versant de la rivière Saint-Charles – Campagne 2011, Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord, Québec, 133 pages.
APEL. 2013. Diagnose du lac Clément – 2012. Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord, Québec, 73 pages plus annexes.
ARGUS. 2001. Mise en valeur du littoral de l’agglomération de la Capitale nationale du Québec: élaboration d’un cadre d’analyse régional. Commission de la Capitale nationale. 54 p. + annexes.
CAGEQ. 2009. Caractérisation du ruisseau du Moulin. Québec: Conseil de Quartier du Vieux-Moulin.
COMITÉ DE VALORISATION DE LA RIVIÈRE BEAUPORT (CVRB). 2005. Plan directeur d’aménagement de la rivière Beauport de l’embouchure au lac John. Québec.
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LAPIERRE, H. et B.-P. HARVEY. 2002. Portrait et plans d’actions de restauration des rives du lac Saint-Augustin. Projet réalisé dans le cadre de la Grande Corvée pour la Ville de Québec le Conseil de bassin du lac Saint-Augustin par BPHenvironnement. Québec, 12 p. + annexes.
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RAPPEL. 2012. Les pratiques riveraines. En ligne: http://www.rappel.qc.ca/services-et-produits/informations-techniques/vie-riveraine/pratiques-riveraines.html. Consulté le 29 octobre 2012.
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TRÉPANIER, J., 2011. Diagnostic de la rivière du Cap Rouge. Organisme des bassins versants de la Capitale, Québec. 115 pages
TURMEL, P. 2012. Compte rendu de pêches expérimentales réalisées dans le bassin versant de la rivière du Cap Rouge. Organisme des bassins versants de la Capitale. 10 pages + annexes.
Mis à jour le 13 février 2015