Les pesticides sont des produits antiparasitaires élaborés pour réduire, éliminer ou empêcher les activités des organismes nuisibles (SAGE, 2015). La loi sur les pesticides définit les pesticides comme étant « toute substance, matière ou micro-organisme destiné à contrôler, détruire, amoindrir, attirer ou repousser, directement ou indirectement, un organisme nuisible, nocif ou gênant pour l’être humain, la faune, la végétation, les récoltes ou les autres biens, ou destiné à servir de régulateur de croissance de la végétation, à l’exclusion d’un vaccin ou d’un médicament, sauf s’il est topique pour un usage externe sur les animaux » (Gouvernement du Québec, 2012). Le terme pesticide rassemble notamment les insecticides, les fongicides et les herbicides et les biopesticides d’origine biologique.
L’utilisation des pesticides est répartie à travers trois secteurs d’utilisations, le milieu agricole, le milieu urbain et les «autres». Le milieu agricole regroupe les utilisations de pesticides prévues pour la production végétale, le bétail et le traitement des bâtiments de ferme. En milieu urbain, les pesticides sont principalement destinés aux usages domestiques, à l’entretien des espaces verts aménagés (résidentiels, commerciales et terrains de golf) ainsi qu’à l’extermination. La catégorie «autres» comprend les pesticides dont l’usage est destiné à l’industrie, aux emprises (routes, voies ferrées, transport d’énergie), aux terrains incultes, aux milieux aquatiques ainsi qu’à la foresterie (ex. contrôle des insectes piqueurs) (MDDELCC, 2014). La quantité totale de pesticides vendus au Québec en 2011 est estimée à 3 854 140 kg d’ingrédients actifs (i.a.) pour les trois secteurs d’utilisations (MDDELCC, 2014). Les herbicides constituent 62,8 % des ventes, tandis que les insecticides, les fongicides et les biopesticides représentent respectivement 15 %, 14,4 % et 2,9 % (MDDELCC, 2014).
Le secteur agricole est le plus grand consommateur de pesticides, qui utilise environ le trois quarts des pesticides vendus au Québec (Côté, 2011). En 2011, les ventes de pesticides en milieu agricole représentent 84 % des ventes totales soit une quantité équivalente à 3 236 951 kg i.a (MDDELCC, 2014). Par rapport à 2010, cette quantité représente une diminution de 3,6 % des ventes de pesticides dans le secteur agricole au Québec.
L’indice de pression à l’hectare du secteur agricole (quantité d’ingrédients actifs (kg)/ hectares cultivés) a été stable entre 2010 et 2011 (MDDELCC, 2014). Cet indice global a été établi à 1,75 kg i.a./ha toutefois, en excluant les superficies ensemencées en foin qui ne nécessitent que très peu de pesticides, cet indice augmente à 2,99 kg i.a/ha (MDDELCC, 2014).
En 2011, les indices de risque pour l’environnement et pour la santé ont augmenté respectivement de 2 et 6 % par rapport à la période de référence (2006-2008). L’augmentation de l’indice du risque environnemental est principalement due à la contribution des groupes chimiques des triophosphates, des sulfonylurées et des pyréthrinoïdes (MDDELCC, 2014). Toutefois, les chlorotriazines sont les composés chimiques qui contribuent le plus à cet indice même s’ils ont diminué par rapport à 2010 (MDDELCC, 2014). Les groupes chimiques des benzonitriles, des dinitrobenzènes, des chlorotriazines et des anilides ont pour leur part contribué à l’augmentation de l’indice du risque pour la santé (MDDELCC, 2014). Malgré une augmentation des indicateurs de risque pour le secteur agricole, le ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a élaboré un document de travail intitulé «La Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture» (SPQA) qui envisage de mettre en œuvre des actions visant la réduction de 25 % des risques pour la santé et l’environnement associés à l’utilisation des pesticides d’ici 2021 (MDDELCC, 2014).
Le MDDEP a produit une série de rapports sur l’échantillonnage des rivières dans les zones de culture intensive de maïs et de soya. Les stations sont situées dans les rivières Chibouet (bassin versant de la rivière Yamaska), des Hurons (bassin versant de la rivière Richelieu), Saint-Régis (bassin versant du Saint-Laurent) et Saint-Zéphirin (bassin versant de la rivière Nicolet). Entre 1992 et 2001, le ministère de l’Environnement a également fait un suivi des cultures de pommes de terre, de même que des vergers et des cultures maraîchères. Les sites suivis étaient tous situés en dehors du territoire couvert par l’OBV de la Capitale (Giroux, 2004) qui pour sa part, ne compte que peu de superficies agricoles.
Dans le rapport de 2012 du MDDEP, on mentionne qu’un grand nombre de pesticides, majoritairement des herbicides, ont été détectés dans l’eau de rivières Chibouet, des Hurons , Saint-Régis et Saint-Zéphirin . « Les herbicides S-métolachlore, atrazine, glyphosate, imazéthapyr, bentazone et dicamba se trouvent dans plus de 50 % des échantillons prélevés du mois de mai au mois d’août. Le S-métolachlore a été détecté dans 99 % des échantillons, l’atrazine dans 97 %, le glyphosate dans 86 %, l’imazéthapyr dans 79 %, le bentazone dans 75 % et le dicamba dans 61 % des échantillons. Plus de 15 autres herbicides ont été décelés, mais à une fréquence moindre. L’atrazine dépasse occasionnellement le critère de qualité de l’eau (critère de vie aquatique chronique – CVAC), dans 5 à 10 % des échantillons, et le S-métolachlore, dans moins de 1 % des échantillons » (Giroux et Pelletier, 2012).
Bien que les pesticides soient principalement utilisés en milieu agricole, ils sont aussi utilisés en milieu urbain pour l’entretien des espaces verts et particulièrement pour les terrains de golf. En 2011, les pesticides vendus pour les utilisations en milieu urbain représentent 11% des ventes totales, soit une quantité équivalente à 422 166 kg d’ingrédients actifs. Les ventes destinées aux usages de pesticides en milieu urbain ont augmenté de 18% par rapport en 2010. Cette augmentation est liée à la hausse de l’utilisation des pesticides dans chacune des catégories, soit une hausse pour l’entretien des espaces verts (+24,4 %), pour les usages domestiques (+18,1 %) et pour l’extermination (+3,8 %) (MDDELCC, 2014). Les biopesticides destinés à l’usage domestique représentent quant à eux 18,8 % des ventes domestique totales en 2011 soit une augmentation de 17% par rapport à 1992 (MDDELCC, 2014).
Les gestionnaires et propriétaires de terrains de golf utilisent plusieurs types de pesticides pour lutter contre les organismes nuisibles (les plus fréquents étant les champignons microscopiques causant des maladies fongiques). Selon les données québécoises de 2009 à 2011, la quantité de pesticides utilisée pour l’ensemble des terrains de golf au Québec s’élève à 129 074 kg d’ingrédients actifs (Laverdière et al., 2013). Pour cette période, les fongicides représentent l’ingrédient actif le plus utilisé (83,9 %), suivi des herbicides (11,2 %), des insecticides (4,8 %), les régulateurs de croissance (0,2 %) et des rodenticides (0,003 %). Des fongicides, le chlorothalonil, le quintozène et l’iprodione sont les plus utilisés et représentent 62,3 % des tous les ingrédients actifs appliqués au Québec (Laverdière et al., 2013).
Depuis avril 2006, tous les propriétaires ou exploitants de terrain de golf sont tenus de transmettre au MDDELCC un plan de réduction des pesticides à tous les trois ans, en vertu de l’article 73 du code de gestion des pesticides. Le dernier bilan de réduction des pesticides (2009-2011) montre une légère augmentation de l’usage des fongicides ainsi qu’une légère diminution de l’application des herbicides par rapport aux bilans précédents (2003-2005 et 2006-2008). Toutefois, l’utilisation des insecticides demeure similaire depuis 2003 (Laverdière et al., 2013). Sur l’ensemble du territoire québécois, l’indice de pression environnementale se chiffre à 4,4 kg i.a. par hectare une diminution par rapport aux bilans antérieurs qui a été calculé à 5,2 kg i.a./ha pour la période de 2003-2005 et 4,7 kg i.a./ha pour la période de 2006-2008 (Laverdière et al., 2013). Toutefois, la région de la Capitale nationale présente un indice supérieur à la moyenne provinciale (4,9 kg i.a./ha) et contribue avec les régions des Laurentides (5,8 kg i.a./ha), de Montréal (6,5 kg i.a./ha), de Laval (8,2 kg i.a./ha) et de Lanaudière (9,3 kg i.a./ha) à l’augmentation de l’indice québécois (Laverdière et al., 2013).
Certains pesticides peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Le danger est fonction du type de pesticide et des produits qu’il contient, de la quantité à laquelle on est exposé, ainsi que de la durée et de la fréquence de l’exposition. Une intoxication aux pesticides peut par exemple survenir lors de la manipulation d’un produit et pénétrer dans l’organisme par contact dermique, inhalation ou encore ingestion, cette dernière étant moins courante, mais plus grave. Une personne ayant subi une intoxication légère peut présenter des symptômes tels qu’une irritation des voies nasales, des yeux ou de la gorge, céphalées, étourdissements, nausées, etc. Ces symptômes peuvent s’intensifier selon le degré d’intoxication et aller jusqu’à des pertes de consciences ou même la mort dans le cas d’une intoxication grave. Certains effets peuvent se faire sentir immédiatement alors que d’autres peuvent apparaître plusieurs heures après l’exposition (CCHST, 2010). Dans ces cas, on parle d’intoxication aiguë. Au Québec, environ 1500 cas annuels d’intoxication aiguë aux pesticides seraient rapportés au Centre anti-poison du Québec (MSSS, 2015).
Pour les personnes exposées régulièrement à des pesticides, les effets à long terme sur la santé sont plus préoccupants. On parle alors d’intoxication chronique. Certains effets peuvent se manifester après plusieurs années d’exposition et entraîner le développement de problèmes de santé tels que le cancer, les troubles de reproduction et les effets sur les systèmes immunitaire et nerveux. Dans tous ces cas, il peut être difficile d’établir le lien entre la maladie et l’intoxication (CCHST, 2010, et MSSS, 2015).
Au-delà de l’exposition directe, certaines études établissent des liens entre l’exposition à des quantités résiduelles de pesticides (notamment sur les aliments) et l’apparition de divers effets sur la santé (MSSS, 2015). Une étude réalisée par l’Institut national de la santé publique en 2004 démontre par ailleurs que les enfants peuvent être exposés à des quantités significatives de pesticides organophosphorés par la consommation de produits alimentaires contenant de faibles résidus de pesticides (INSPQ, 2004).
Afin de mieux connaître l’impact de l’utilisation des pesticides dans les cours d’eau à proximité des terrains de golf, le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a procédé à une étude entre 2009 et 2011, ciblant 11 sites à travers le Québec, dont la rivière Hibou, située dans le haut bassin de la rivière Saint-Charles. La rivière Hibou traverse le club de golf Stoneham, qui couvre 3.26% de son bassin versant. Après avoir procédé à 24 échantillonnages entre mai et novembre 2009, dont 14 ont été réalisés par temps de pluie, aucun pesticide n’a été détecté dans le cours d’eau, que ce soit des herbicides, insecticides ou fongicides (Giroux et al, 2012).
Au Québec, une étude du MDDEP (maintenant le MDDELCC) réalisée en 2008-2009 a démontré la présence de pesticides dans certains cours d’eau et nappes d’eau souterraine des bassins versants en milieu agricole. Une campagne d’échantillonnage des eaux souterraines à proximité des cultures de pommes de terre a en effet fait ressortir que de faibles concentrations de pesticides avaient été détectées à proximité de ce type de cultures (Giroux et Sarrasin, 2011). Bien que la région de la Capitale-Nationale soit réputée comme une région où l’on cultive la pomme de terre, aucune autre information n’est actuellement disponible sur la présence de pesticides dans l’eau surface ou souterraine pour le territoire couvert par l’OBV de la Capitale.
CÔTÉ, C., 2011. Les ventes de pesticides en hausse. La Presse, 28 avril 2011.
CENTRE CANADIEN D’HYGIÈNE ET DE SÉCURITÉ AU TRAVAIL (CCHST). 2010. Pesticides – Effets sur la santé. En ligne: https://www.cchst.ca/oshanswers/chemicals/pesticides/health_effects.html. Consulté le 13 janvier 2015.
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GIROUX, I. et L. PELLETIER. 2012. Présence de pesticides dans l’eau au Québec : bilan dans quatre cours d’eau de zones en culture de maïs et de soya en 2008, 2009 et 2010, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du suivi de l’état de l’environnement, 46 p. et 3 annexes.
GIROUX, I., C. LAVERDIÈRE et M-C. GRENON. 2012. Suivi environnemental des pesticides près de terrains de golf, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Direction du suivi de l’état de l’environnement, Direction du secteur agricole et des pesticides, Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec, 27 p. et 4 ann.
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Mis à jour le 28 août 2015